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14 janvier 2009 3 14 /01 /janvier /2009 08:48

Réunion au sommet à Sdérot
© Metula News Agency

  

Sdérot, 22h 30, (21h 30 à Paris)

 

Récit par Ilan Tsadik :


 

18ème jour. Humour noir, la blague que tous les réservistes se racontaient dans les chars ce matin. Il y a des histoires comme celles-ci dans toutes les guerres :

 

Un détachement de Tsahal est parvenu au zoo abandonné de Gaza (c’est vrai, cela), ils y ont trouvé un gros lion esseulé qui n’avait visiblement pas mangé depuis plusieurs jours (ça aussi), cela a fait de la peine aux soldats (ça toujours) ; alors, ils ont ouvert la grille et l’ont envoyé dans les rues de Gaza.

 

Pour ceux qui n’ont pas compris la chute, c’est le moment de se désinscrire de la Ména. La blague n’est pas de nous, elle vient de l’émission satyrique Eretz néhédérette (Un pays extraordinaire), diffusée hier soir.

 

Les appelés ne l’avaient pas vue, ils avaient autre chose à faire que regarder la télé.   

 

Les réservistes les remplacent et occupent le terrain qu’ils ont conquis, ce qui permet aux unités régulières de progresser, d’ouvrir de nouveaux fronts.

 

Mais lentement et sûrement, en protégeant au maximum la vie des soldats et des civils. Avec une puissance de feu considérable, celle qui nous avait fait défaut au Liban pour faire rapidement la différence.

 

Cette nuit, l’infanterie s’est emparée du quartier de Tel Hawwa, une butte parsemée d’immeubles modernes à plusieurs étages (ailleurs, on parlerait d’habitations bourgeoises), située au sud-est de Gaza.

 

Le fer de lance de Tsahal ne se trouve plus, à cet endroit, qu’à environ un kilomètre du centre de Gaza-city.

 

Vers 15 heures, les quatre reporters-analystes de l’agence se sont retrouvés pour faire le point à Sdérot. Auparavant, chacun était parti de son côté faire ses emplettes d’informations. Deux d’entre nous ont été autorisés à suivre deux colonnes distinctes à l’intérieur.

 

Le travail quotidien de Sami El Soudi consiste, invariablement, de 9h à 15h, où lorsqu’il se produit un événement saillant, à téléphoner à ses contacts à Gaza.

 

Sami est un monument de patience, d’égards et de politesse. Ce n’est pas une couverture, c’est sa personnalité. Jamais il ne flatte ou ne promet de monts et de merveilles qu’il ne pourrait pas fournir. Il parle vrai, ne cache pas sa sensibilité et inspire la confiance.

 

Le résultat est extraordinaire : ses interlocuteurs lui font des rapports sans qu’il n’ait même besoin de les solliciter. C’est toujours Sami qui doit conclure les conversations, de l’autre côté, on n’a jamais terminé de le mettre au courant, et on a tendance à se répéter.

 

La question du jour, que nous avons débattue, c’est : est-ce que la phase 3 n’aurait pas déjà commencé ? Mais de manière rampante, sans dire son nom, pour ne pas faire de vagues à l’étranger, mais aussi en Israël, parmi la population arabe.

 

Ca en a tout l’air : Tsahal ne tient pas en place, elle avance, occupe jour après jour de nouvelles positions, a commencé à s’engager dans des combats de rues dans les zones surpeuplées. Applique une pression terrible sur les poches de miliciens qui résistent encore.

 

Jusqu’à 18 heures, ils n’ont été capables de lancer "que" 13 roquettes sur Israël. Une quantité qui se réduit de jour en jour et nous rapproche des objectifs officiels de Plomb fondu.

 

El Soudi rappelle que, si au moment du cessez-le-feu, il reste un pan de Hamas debout, il ne se gênera pas pour crier victoire.

 

Notre camarade palestinien est allé rôder autour des postes de commentaire des télévisions arabes émettant depuis le côté israélien. Il nous informe d’une nouvelle tendance des media arabes : ils annoncent à leurs téléspectateurs que si les Israéliens n’avancent pas, c’est à cause de la résistance héroïque des miliciens intégristes qui les en empêchent.

 

Ils ponctuent cette nouvelle ligne de récit en rapportant, sous forme de breaking news, passant sous l’image principale qu’ils diffusent, les communiqués de victoire transmises par les fondamentalistes : "un avion sioniste abattu, trente deux agresseurs tués depuis ce matin, trois chars détruits.

 

Aujourd’hui, ils ont même annoncé avoir coulé un sous-marin". Nous éclatons de rire, notre tasse de thé chaud à la main.

 

En faisant le bilan de la guerre, d’après ces sources, les miliciens ont détruit deux fois le contingent expéditionnaire israélien, ils n’ont eu que 25 tués, et tous les 970 morts palestiniens sont des civils.

 

"Vous pouvez bien rire, mais sur les masses arabes, cela fonctionne à merveille", interrompt El Soudi. Plus le Hamas se désintègre, plus il grandit en importance dans les media arabes. "Si vous ne finissez pas le travail, ils raconteront que les résistants islamiques, avec l’aide d’Allah, ont repoussé la terrible machine de guerre sioniste".

 

"D’ailleurs, ils ont déjà commencé", continue Sami, "ils appellent ce conflit La guerre de Gaza, et ils le placent dans la lignée des victoires des croyants contre Israël, les Etats-Unis, les Occidentaux et leur culture de la déchéance, en Irak, en Afghanistan, au Pakistan, en Somalie et au Liban".

 

Mon père ajoute que, si à l’Ouest c’est encore un tabou de parler de guerre des civilisations, sur nombre de media arabes, c’est le thème principal. Et on ne s’y cache pas pour parler de "l’assaut irrépressible lancé par les croyants contre l’Occident". Pour la majorité de ces media, la Guerre de Gaza constitue un élément offensif de la Djihad mondiale.

 

Ce que j’ai vu à l’intérieur ne ressemble en rien à une victoire, j’y ai passé trois heures avec des commandos sans apercevoir la moindre opposition. Aujourd’hui, l’armée de l’air a pulvérisé au moins douze unités de miliciens.

 

Selon mon expérience, leur capacité à combattre, leur niveau de préparation et de commandement sont clairement inférieurs à ceux des miliciens du Hezbollah.

 

Juffa intervient : "Et que veux-tu qu’ils fassent ? Ils combattent à un contre cinq, sans aviation, sans blindés, sans renseignement militaire digne de ce nom, contre une armée gonflée à bloc et au mieux de ses capacités. Personne à leur place ne ferait mieux, c’est déjà pas mal qu’ils n’aient pas encore brandi le drapeau blanc.".

 

El Soudi revient à la charge : "ils ne sont pas terribles au combat, mais pour piller les convois humanitaires, pour voler l’approvisionnement aux civils palestiniens, ils sont champions ; ce matin", poursuit le chef de la Ména palestinienne, "ils ont à nouveau pillé tout le chargement des camions des convois d’aide, lors de la trêve humanitaire de trois heures".

 

"Au moins dix témoignages que j’ai recueillis concordent : ils immobilisent les camions et dérobent la quasi-totalité du chargement. Ensuite, ils vendent une partie des vivres destinés à être distribués gratuitement, en dispensent une autre partie à leurs clans, et entreposent le reste dans des caches, afin de maintenir l’image artificielle de la pénurie.

 

En dépit de ces actes de vandalisme, notre ami médecin à Shifa est formel : l’hôpital ne manque strictement de rien. De plus, l’Egypte a laissé passer un nombre suffisant de médecins volontaires internationaux, dont des spécialistes qui leur faisaient défaut".

 

"Ce qui leur manque, c’est la place", ajoute Juffa, "s’il n’y avait pas tous ces chefs du Hamas qui se planquent derrière les blessés, cela irait certainement mieux".

 

Moussa Abou Marzouk, le numéro 2 du Hamas à Damas, a déclaré aujourd’hui que le retrait de Tsahal était une pré-condition au cessez-le-feu bilatéral, que les autres sujets de discorde pourraient être discutés ensuite ; que cette position de son organisation était inamovible, et qu’ils l’avaient communiquée aux Egyptiens.

 

C’est du suicide. Même Abou Marzouk, considéré généralement comme plus modéré que Mashal, est en train de sacrifier le régime du Hamas à Gaza. Les Israéliens n’arrêteront pas leur opération tant qu’ils n’auront pas obtenu les garanties qu’ils réclament concernant la contrebande d’armes en provenance d’Egypte.

 

Le chef d’état-major, Gaby Ashkenazi, a déclaré au comité politico-sécuritaire de la Knesset "nous avons encore du travail à faire pour réduire la capacité du Hamas à envoyer des roquettes contre Israël". Ca n’est visiblement pas la posture de quelqu’un pressé de ranger son arme dans l’armoire à fusils.

 

Et l’Egypte prend tout sont temps : elle a demandé à Israël de n’envoyer Amos Guilad, son négociateur, que dans deux jours, le temps de comprendre précisément la position du Hamas.

 

"L’Egypte veut l’effondrement du Califat, c’est clair et net. Les Egyptiens feront tout pour prolonger les opérations militaires israéliennes", confirme El Soudi.

 

"Et la troisième phase de l’offensive, peut-on considérer qu’elle a commencé ?", ramène mon père. "Très probablement", analyse Juffa, "dans peu de temps, tous les réservistes auront été intégrés à l’opération. De qui s’agit-il, sinon de la phase finale ? De toute façon, on en saura plus ces prochains jours, à mon avis, nous ne sommes pas loin de l’effondrement du Hamas", conclut-il.

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