(Mme Koschitzky évoque le souvenir de Benjamin Hillman z ‘l, tué au cours de la présente guerre).

Il ne fait aucun doute que notre douleur est beaucoup plus forte et plus profonde quand nous connaissons personnellement les victimes.

Cependant, la triste vérité c’est que chacune de ces âmes est une individualité précieuse, une personne unique comme Benjy... aimé et chéri ....et il suffit de multiplier cette triste histoire plusieurs fois pour se rendre compte que nous avons eu de lourdes pertes ces deux dernières semaines.

Aucun d’entre nous ne peut choisir l’heure et le lieu de nos défis dans la vie. Les nouvelles d’Israël sont presque plus que nous ne pouvons supporter. La seule bonne nouvelle, c’est ce que nous voyons en nous-mêmes ici, aujourd’hui, notre engagement passionnel à notre terre, l’unité de nos objectifs, notre implication totale, notre angoisse individuelle et collective et notre responsabilité les uns envers les autres. Israël a toujours dit que son arme secrète, en temps de crise, est le judaïsme mondial. Malheureusement, nous avons eu maintes fois l’occasion de nous réunir pour des rassemblements de solidarité et des campagnes d’urgence.

Il nous est donc très douloureux d'être ici à nouveau, en ces tragiques circonstances, pour exprimer notre solidarité avec nos frères et soeurs en Israël et leur dire qu’ils ne sont pas seuls.

Et voilà, une autre guerre totale, alors que tout aurait pu être différent, si nos ennemis voulaient autre chose. Mais ils ne le veulent pas...Cela fait 60 ans qu’on nous refuse le droit d’exister...

C’est pourquoi nous, la Communauté de Toronto, devons être là pour le peuple d’Israël, comme nous l’avons été dans le passé, pendant la Guerre d’Indépendance en 1948, au Canal de Suez en 1956, au cours de la Guerre des Six - Jours de 1967, la Guerre de Kippour en 1973, la Guerre du Liban de 1982, la Guerre du Golfe en 1991, la première et la deuxième intifada et les dernières roquettes Kassam tirées de Gaza sur Sdérot...et maintenant le Hezbollah...

Je cite l’écrivain Daniel Gordis : « On a l’impression que ça ne finira jamais...parce que ça n’a pas l’air d’être la septième guerre. On a l’impression que c’est la continuation de la première guerre. Est-il possible que nous soyons revenus au point de départ ? ».

Sommes-nous revenus à la fin des années 40 et 50, quand les villes-frontières devaient vivre avec la crainte constante que des Fedayin ne s’infiltrent de la frontière pour tuer des gens ?

La différence est que, maintenant, en cette période de missiles, la plus grande partie du pays est une cible, une ville-frontière. Deux millions d’Israéliens sont aujourd’hui sous la ligne de tir direct des missiles ennemis et les villes israéliennes sont bombardées et traumatisées. Les enfants israéliens dorment encore par milliers dans des abris. Exactement comme pendant la première guerre.

Ce sont toutes des guerres. Elles sont toutes pareilles en fin de compte. Parce que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre... alors nous continuons à faire ce qui doit être fait pour accomplir notre destinée commune.

Et malgré tout, alors que les Israéliens ont leurs mains liées derrière le dos et bien qu’Israël soit en état de guerre, il continue à être comme un aimant pour les Juifs du monde entier, qui veulent y commencer une nouvelle vie, pleine d’espoirs et de rêves.

Même pendant les jours les plus sombres de ces deux dernières semaines, Israël continue à accueillir de nouveaux immigrants... 1,000 la semaine dernière, et il y a deux jours, 640 sont arrivés de France. Des 10,000 étudiants venus dans le cadre d’une multitude de programmes de camps d'été et de formation, seul un faible poucentage a quitté le pays, tandis que les autres ont choisi de rester pour épauler les citoyens israéliens, leurs frères.

Ce n’est pas ce que vous voyez aux nouvelles diffusées par la CNN.

Vous n’y verrez pas non plus l’héroïsme tranquille de chaque citoyen. Ceux qui arrivent à vivre dans un état de stress constant et sous tension et pourtant continuent à vivre, à bâtir et à faire tout ce qui doit être fait.

Nous n’y voyons pas non plus l’aide humanitaire extraordinaire fournie par le Keren Hayessod et l’Agence Juive pour Israël, fournissant une aide psychologique et émotionnelle aux nouveaux immigrants, essayant d’améliorer les conditions des abris et des véhicules d’urgence, le transport de milliers de jeunes des camps d’été dans le nord vers le sud...

Tous ces efforts sont menés par l’Agence Juive pour Israël qui travaille jour et nuit en notre nom, avec nos contributions à l’Appel Unifié pour Israël.   

Et ceci n’est qu’une petite partie de ce qu’Israël doit endurer pour se remettre de cette dévastation.

Il y a toujours eu un lien direct entre ce que nous faisons dans notre communauté, ici à Toronto, combien nous faisons, notre visibilité et le type de réponse que donnera le reste du monde juif en des temps pareils.

Chaque communauté tire sa force collective et sa personnalité de ses propres leaders et c'est nous, qui sommes présents ici ce soir, qui déterminerons les normes qui stimuleront les dons en provenance non seulement de notre propre communauté, mais des communautés de l’Amérique du Nord et à travers le monde.

Ce soir, nous avons l’occasion d’exprimer notre foi en ce qui nous importe le plus, de la façon la plus juive que nous connaissons, selon ce que  la Torah, Parashat Re’eh, nous enjoint, c'est-à-dire de donner largement et non avec parcimonie, avec la chaleur du coeur et la générosité de l’esprit.

Cette politique de la main tendue nous a accompagné tout au long de notre histoire et a joué un rôle capital dans la survie dramatique de notre peuple.

Il n'y a qu'une seule question que nous devons nous poser :

Notre engagement est-il au niveau des actes héroïques de nos frères et soeurs en Israël, de l’héroïsme d’un Benjy et de sa famille, ou des familles qui ont passé les deux dernières semaines dans des abris surchauffés et étouffants, ou l’héroïsme de nos soldats âgés de 18, 19 et 20 ans qui sont là pour nous, nous donnant notre fierté, notre dignité et notre force tous les jours de la semaine, chaque semaine de l’année et chaque année de notre vie ?

Si la réponse est oui, alors nous pouvons en être réconfortés, nous pouvons être fiers, sachant que nous démontrons à nouveau que la générosité juive est vraiment l’un des grands miracles du monde.

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