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12 août 2006 6 12 /08 /août /2006 13:42

 

Metula samedi 12 août, 09h 21 locales

L’offensive israélienne bat son plein, sur tous les fronts, avec tous les moyens à disposition de l’Etat hébreu.

Des commandants de Tsahal ont confié à la Ména que l’objectif idéal consistait à parvenir aux lanceurs de Katiouchas des 2 côtés du Litani en 3 jours.

Metula, vendredi 11 août, 18h 25 locales

Le gouvernement vient de donner l’ordre à l’armée de passer à l’assaut dans l’opération Litani.

Les masques sont tombés
Par Stéphane Juffa
MapSat
© Metula News Agency



La nuance est d’importance : l’offensive est en marche et il faut désormais contenter Israël pour qu’elle y mette un terme

 - Autorisation de diffusion à la Chaine d'Union N° : ZUP4955120806JT


Synthèse des analyses,
avec Jean Tsadik et Michaël Béhé à Beyrouth.

 

 

Durant toute la journée écoulée, nous avons échangé, de façon presque incessante, nos informations et appréciations de la situation entre Metula et Beyrouth. De plus, nous avons bénéficié des points de vue de Laurent Murawiec à Washington et de Sébastien Castellion. Il nous fallait tout d’abord comprendre la situation alambiquée qui prévaut, tant sur le plan diplomatique que militaire, avant d’en faire part à nos lecteurs. Il fallait être sûrs de notre analyse, absolument sûrs, avant d’en faire état. Les choses étaient compliquées par le fait que le plus clair des tractations politiques se déroulait loin des observateurs et que ces discussions étaient gardées étanches par ceux qui y participaient. Nous sommes désormais en mesure de recomposer les éléments de la conjoncture de manière précise, dans le cadre d’une lecture stratégique, et de vous la faire partager.

 

Il y a deux jours de cela, lorsque le cabinet restreint israélien donnait son feu vert au déploiement de Tsahal sur le Litani et même au-delà, le Département d’Etat américain était intervenu, en plein conseil des ministres "politico-sécuritaire", par un appel téléphonique de sa Secrétaire Condoleezza Rice. Le but de cette intervention avait consisté à réclamer et à obtenir l’accord du 1er ministre Olmert pour concéder un délai supplémentaire aux négociateurs US et français dans l’enceinte de l’ONU à Manhattan. Il s’agissait de trouver un compromis acceptable, à la fois par les membres du Conseil de Sécurité, les gouvernements israélien et libanais, mais également par le Hezbollah et ses commanditaires syriens et libanais, débouchant sur une résolution.

 

En Israël, Ehoud Olmert était immédiatement soumis à une pression croissante de la part de son opinion publique, d’une partie de ses ministres et surtout, de l’état-major de son armée. Israël exige du président du conseil de refouler le Hezbollah, au moins au-delà de toutes les positions depuis lesquelles il lance ses roquettes contre ses agglomérations. Des villes et des villages qui ont subi des dommages considérables depuis le début de l’agression intégriste. Tout le pays insiste pour que les plus de cent morts de cette guerre ne soient pas tombés pour rien. Pour que les 300'000 personnes déplacées n’aient pas quitté leurs domiciles et subi d’immenses préjudices pour que ce conflit se termine en queue de poisson. 

Les politiques de l’Etat hébreu rappellent en toute occasion que la solution doit être axée sur la base de la résolution contraignante 1559 du Conseil de Sécurité, qui appelle Beyrouth  à désarmer le Hezbollah sans qu’aucune condition ne soit imposée à Jérusalem et que l’armée libanaise supplante les terroristes chiites sur la frontière internationale.

 

La proposition de résolution initiale, concoctée par Paris et Washington était déjà acceptée du bout des lèvres en Israël, et l’Etat hébreu faisait confiance au président Bush qui, devant les réticences de Beyrouth et de la Ligue Arabe, avait réaffirmé publiquement que les termes de cette proposition n’étaient pas discutables.

 Ce qui contentait également les Israéliens consistait en la provision onusienne sine qua none requérant la relaxe immédiate de leurs deux soldats kidnappés par le Hezbollah.

 

Au Liban, le gouvernement Siniora, soumis aux menaces de ses propres ministres du Hezb, se faisant les porte-parole de Hassan Nasrallah et de Béchar Al-Assad, jouait à fond la carte de la victimisation. Le cabinet Siniora rejettait ainsi le plan original "non discutable" et suggérait des termes, rangés en sept chapitres, afin de parvenir à une cessation des hostilités.

 

Ces conditions étaient inacceptables pour Jérusalem, principalement en cela qu’elles tendaient à pérenniser la présence armée des Fous de Dieu, et à exiger un retrait immédiat de Tsahal des territoires qu’elle occupe au Liban. Le cabinet Siniora demandait également un degré de parallélisme entre la libération des deux militaires otages des islamistes et celle de terroristes libanais, coupables de crimes de guerre particulièrement ignobles, détenus en Israël après être passés en jugement, ainsi qu’un abandon par Tsahal du territoire syrien dit des Fermes de Chabaa, qu’elle occupe et qu’il revendique. Ces exigences étaient destinées à sauver la face de Nasrallah, en démontrant que le Liban n’avait pas subi de gros dommages pour rien et que les actions islamistes, contre les civils de l’autre côté de la frontière, avaient permis d’obtenir certains avantages.

 Mais deux points dans les attendus de Beyrouth étaient radicalement inacceptables à Jérusalem : l’interdiction que Siniora voulait obtenir de la part des forces internationales de faire usage de leurs armes contre les terroristes autrement qu’en état de légitime défense – donc pas aux fins de les désarmer – ainsi que le refus libanais d’un embargo surveillé sur de nouveaux approvisionnements en armes et en munitions en provenance de Damas pour le Hezbollah. Clairement, le gouvernement libanais entendait réarmer les supplétifs intégristes et empêcher que le contingent international ne les déloge des positions qu’ils occupent au Sud, stocks de Katiouchas compris. Il s’agissait, en quelque sorte, de faire passer une résolution anti-1559.

 

Le seul point intéressant pour Israël dans ce cocktail mortel résidait en l’acceptation par Beyrouth d’envoyer 15'000 de ses soldats au Sud, ce qu’il s’était toujours refusé à faire deux ans durant et qui constituait l’essentiel de l’attente de Jérusalem avant le déclenchement du présent conflit.

 

Après avoir accepté de donner à Condi le temps d’obtenir à l’ONU des conditions de cessez le feu en rapport avec la 1559 et la restitution de ses soldats-otages, le gouvernement de Jérusalem décida de ne pas intervenir directement dans les tractations et d’attendre patiemment de pouvoir consulter une proposition de résolution au Conseil de Sécurité "légèrement modifiée" relativement au texte original franco-américain. Pour ne pas gêner les partenaires américains, Olmert alla jusqu’à interdire à sa ministre des Affaires Etrangères, Tsipi Livni, de se rendre à New York vendredi matin.

 

Mais en fin de journée de ce même vendredi, les négociations prenaient une tournure irrecevable pour Israël : la proposition en gestation faisait la part trop belle aux postulats libanais. Il y était question que la force internationale soit soumise aux provisions des règles no. 6 d’ouverture du feu (légitime défense) en lieu et place des numéro 7, seules aptes à faire respecter les termes de la résolution 1559 par les intégristes. De plus, le Conseil de Sécurité, intéressé par un cessez-le-feu à tout prix, semblait-il, était à deux doigts de renoncer à imposer l’embargo sur les fournitures aux islamistes.

 

C’en était trop ! Les militaires firent savoir à Ehoud Olmert que si une telle résolution – lourdement amendée au profit de Beyrouth – était adoptée, la position des terroristes à la frontière serait encore meilleure que ce qu’elle était il y a 32 jours, au début des combats. Les miliciens-terroristes de Nasrallah seraient désormais protégés par la présence d’une UNIFIL renforcée, qui empêcherait Israël de réagir aux tirs des séides de Téhéran, sans toutefois que leur capacité à tirer leurs Katiouchas soit en aucune manière entravée.

 

18h 30 précises, vendredi, quelque part à proximité de Metula,





 

une brigade de Merkava s’apprêtait à entrer au Liban.

Remarquez la femme tankiste, debout sur le char de droite

Photo Stéphane Juffa © Menapress, moyens techniques Even Sokol

 

Olmert réagit, vers 18h 25 vendredi, aux dérives diplomatiques émanant de Manhattan, en ordonnant à Tsahal de mettre en oeuvre le plan Litani. Rapidement, les forces israéliennes se mirent en branle en grand nombre vers l’intérieur du pays des cèdres.

 

C’est là que nous en sommes à 3h ce samedi matin. L’artillerie se donne à fond, les chars attaquent par dizaines, l’aviation et les hélicos d’assaut multiplient leurs sorties. Les tirs assourdissants ébranlent mon écran d’ordinateur plusieurs fois par minute. Et ce coup de gueule d’Olmert-le-conciliant a eu le mérite de remettre les discussions au Conseil de Sécurité sur ses rails précédents, histoire de calmer la colère d’Israël.

 

Un nouveau texte ayant obtenu l’aval de Paris et Washington a été soumit au 1er ministre israélien pour accord. Ce denier s’est déclaré initialement favorable à ce qui lui a été présenté. Les conditions minimales exigées par Jérusalem y figurent, le contingent international est à nouveau doté des privilèges nécessaires pour faire face aux terroristes. On n’y exige plus le retrait immédiat de Tsahal des zones qu’elle occupe. On y exige du Hezbollah qu’il commence par cesser ses tirs contre les villes des Hébreux, on reprend la dynamique comprise dans la 1559 etc.

 

Ehoud Olmert a avisé les Américains qu’il proposera à ses ministres l’adoption de la dernière formulation de la résolution 1701 (adoptée à l’unanimité par le Conseil de Sécurité) qui lui a été soumise. Mais ce sera dimanche, à l’occasion de la réunion hebdomadaire ordinaire du cabinet au complet. Un cabinet dont l’aval est désormais nécessaire pour mettre fin à l’offensive en cours, quels que soient les votes qui vont intervenir cette nuit à New York.

 

La nuance est d’importance : l’offensive est en marche et il faut désormais contenter Israël pour qu’elle y mette un terme. C’est une situation très différente que celle qui prévalait avant 18h 30. Il faut par exemple que le Hezb et la Syrie permettent au fragile gouvernement libanais d’accepter les mesures destinées à le désarmer. Il faut que les intégristes se plient aux exigences de ce que l’on peut, à nouveau, appeler la communauté internationale ; et c’est loin d’être acquis, cela exige des Fous de Dieu qu’ils acceptent des termes qu’ils ont catégoriquement rejeté plus tôt cette semaine et des sponsors irano-syriens, qu’ils se résignent à l’abandon de leurs investissements stratégiques au Liban et à leur vision monolithique de l’arabité libanaise.

 

Autant dire tout de suite que l’offensive israélienne ne semble pas prête de stopper. Et que la résolution de l’ONU de ce soir, pourtant si âprement négociée, a de grandes chance de rejoindre, dans la corbeille, des dizaines d’autres résolutions morte-nées prises dans le passé par le Conseil de Sécurité.

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