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12 août 2006 6 12 /08 /août /2006 19:04

 

La guerre High Tech du Hezbollah

Alors que le lancement des opérations au Liban remontent à présent à près d’un mois, sans doute est-il temps d’en faire une évaluation du point de vue militaire et, en particulier, technologique.

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Par Joseph Henrotin

Copyrights – Joseph Henrotin . Chargé de recherche, CAPRI, Aix-en-Provence ; rédacteur en chef adjoint, Défense & Sécurité Internationale ; membre du RMES.

 

L’enjeu sous-tendu par l’analyse peut s’avérer assez important dès lors que le Hezbollah est un mouvement ayant adopté un mode de combat fondé sur la techno-guérilla que conceptualisaient des auteurs comme H. Afheldt ou le commandant Brossolet, à la charnière entre les années 1970 et 1980… dans l’optique d’une “défense défensive” contre une éventuelle attaque du Pacte de Varsovie.

La stratégie des moyens du Hezbollah (le terme se référait traditionnellement à des Etats. Il faudra, sans doute, l’appliquer également à des groupes sub/transétatiques) a surpris.

En théorie, le parti alignait des armes de petits calibres et de soutien (RPG), disposait d’une capacité à produire des mines antipersonnels et antichars et disposait de roquette Katiousha. Notons au passage que cette terminologie, qui s’est largement diffusée en Israël, recouvre en réalité divers types d’armes, depuis des Grad (BM-21) jusqu’aux Type-64 chinois en passant par des systèmes indigènes, similaires aux Kassam utilisés dans les Territoires palestiniens.

Le Hezbollah s’est toutefois orienté vers une stratégie plus ambitieuse, produisant des IED (Improvised Explosive Devices) nettement plus puissants que par le passé et permettant, dans certains cas, de détruire des chars aussi lourds que les Merkava.

Pour l’heure, on ne sait si ses versions les plus évoluées (Mk.4), apparemment abondamment utilisées par Tsahal, se montrent plus résistants. Au-delà, les apports iraniens semblent avoir été nombreux.

C’est le cas pour les roquettes Fajr ayant touché Haïfa mais aussi pour des Zelzal annoncés comme étant disponibles mais qui ne semblent pas pour l’heure avoir été utilisés. Notons au passage que “Zelzal” est une “dénomination parapluie” recouvrant plusieurs types de LCR (Large Caliber Rockets) mis au point en Iran et avant tout destinés à des missions d’interdiction.

Sans doute également que, montés sur des camions spécifiques, les Zelzal constituent des cibles plus visibles pour l’aviation israélienne.

Moins facilement utilisables de ce fait par le Hezbollah, elles pourraient, selon certaines estimations, être retenues pour des frappes “politiques”, à plus longue portée, dans le cadre d’une radicalisation du conflit.

Dans le même registre, plusieurs estimations, avec des fourchettes très larges, ont été données quant à l’état des stocks de roquettes des forces du Hezbollah.

 Impossible là aussi d’avoir des données précises. Toutefois, manifestement, les attaques sur les villes et villages israéliens ne semblent diminuer qu’assez peu, s’établissant dans une fourchette oscillant entre 160 et 200 attaques par jour.

Notons aussi qu’un journaliste américain a relayé les analyses de quelques analystes US indiquant que Tsahal pourrait passer outre des “poches” du Hezbollah afin que celui-ci poursuive ses tirs, laissant à Israël un motif suffisant pour la poursuite des opérations. Là aussi, les analyses ne sont guère que des estimations et seule l’histoire pourra ou non leur donner tort.

La disposition de missiles antinavires C-802 a également surpris les Israéliens comme les observateurs.

Selon des rapports en provenance d’Israël, deux de ces missiles à guidage radar auraient été tirés contre l’INS Hanit, une corvette furtive de la classe Saar V.

Détectant le premier missile, la corvette aurait utilisé ses contre-mesures et engagé des manœuvres de dégagement.

 

En conséquence, selon le rapport, le premier missile aurait poursuivi sa route, atteignant un navire égyptien non identifié environ 40km plus loin.

Toutefois, le second missile n’aurait pas été détecté, la corvette le prenant sur la ligne de flottaison. Notons par ailleurs que les faibles dégâts – en théorie, le bâtiment aurait pu couler – pourrait dénoter un mauvais fonctionnement de l’engin et, in fine, sa non-explosion.

 Plusieurs analystes estiment que les missiles auraient été lancés avec l’appui du radar de l’aéroport de Beyrouth, ce qui, du point de vue israélien, aurait justifié le bombardement de l’aéroport libanais.

Reste toutefois que si les missiles ont effectivement eu besoin d’une désignation radar, ces analyses sont soumises à caution : un radar de surveillance aérienne peut certes aider en détection maritime.

Mais quant à savoir s’il est calibré de façon à pouvoir détecter un bâtiment théoriquement furtif… Ceci dit, de toute évidence, aucune nouvelle autre frappe – victorieuse, du moins – n’a été lancée contre des bâtiments israéliens.

L’équipement individuel des combattants du Hezbollah a également surpris.

Des gilets pare-balles, des jumelles de vision nocturne, des télémètres lasers ou des systèmes de réduction de la signature IR ont été retrouvés, de même que des uniformes israéliens.

Le Hezbollah disposerait également d’un système de communications assez élaboré.

Si aucune estimation n’a été donnée de la diffusion de ces équipements, force est de constaté que le Hezbollah s’est, depuis le retrait israélien du Sud Liban de 2000, doté d’équipements plus performants que par le passé.

De même, ses positions semblent avoir connus des aménagements bien pensés eu égard à ses missions militaires.

L’enterrement d’un certain nombre d’entre-elle rend leur détection plus difficile, notamment par les drones.

Même les capteurs IR ne semblent pas suffisamment précis que pour donner des indications supplétives aux capteurs TV traditionnels.

De ce point de vue, le lancement des opérations en été joue en faveur du Hezbollah, le contraste étant légèrement plus défavorables aux forces israéliennes.

Autre élément, le Hezbollah semble posséder des missiles antichars, en plus des traditionnels RPG.

Pour contrer ces derniers, Israël a utilisé ses traditionnels Nagmachon, Achzarit, Puma et autres chars reconvertis en transports de troupes.

Surblindés, ils semblent offrir une protection suffisante aux forces israéliennes.

Mais cette tactique peu également s’avérer insuffisante contre des RPG plus évolués (des RPG-29 ont été identifiés sur zone) mais aussi contre les Metis-M que l’Iran semble lui avoir fourni.

Plusieurs rapports et articles font à cet égard état du fait que le Hezbollah aurait demandé à l’Iran de poursuivre ses transferts d’armements, justifiant pour Israël la poursuite des raids sur les routes et voies d’accès au Liban y compris la destruction des ponts, dans le cadre d’une stratégie somme toute classique d’interdiction.

Enfin, notons aussi que le Hezbollah a mis en oeuvre des drones Misrad-1 dans le cadre de missions de reconnaissance.

Peu sophistiqués (pas question de communications via satellites, les opérateurs devant garder, apparemment, leur appareil dans leur champ de vision), ils sont également difficiles à détecter.

Toutefois, un F-16C israélien en a abattu un le 7 août.

Jusqu’ici, un total de 3 vols de drones au-dessus d’Israël a été détecté.

 Pour l’heure donc, il ne semble pas que le recours à des drones soit systématique. Indiquons toutefois que le survol d’Israël par des appareils du Hezbollah est interprété par ce dernier comme une victoire tactique contre Tsahal mais aussi comme un facteur de pression psychologique à l’encontre de la population israélienne.

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