Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

PrÉSentation

  • : La Chaine d'Union
  • : Lettre d'actualité, avec un apport de symbolisme, et de spiritualité, accés le plus souvent sur un axe Moyen- Orient, Europe, et Amérique du Nord.
  • Contact

Recherche

Archives

30 novembre 2006 4 30 /11 /novembre /2006 16:31

L’après 8 novembre


Par Guy Millière


George Bush
© Metula News Agency








Bush : Les deux dernières années...


 

Où en sont les Etats-Unis après les élections du 8 novembre dernier ? Quelles sont les conséquences vraisemblables pour le monde en général et, plus particulièrement, pour le Proche-Orient ? A quoi peut-on s’attendre au cours des semaines et des mois à venir ? C’est à répondre à ces questions que j’entends consacrer cet article. Mais répondre implique d’abord d’évaluer les enjeux des élections elles-mêmes.

  1. On a avancé, en France et ailleurs en Europe, que c’était la fin de la présidence Bush. Une annonce prématurée à mes yeux. George Bush va encore passer plus de deux ans à la Maison Blanche. Deux années au cours desquelles il ne se laissera pas mettre en pièces par ses ennemis politiques en restant inactif. Le président américain entre dans la phase où sa préoccupation centrale est la place qu’il laissera dans l’histoire, et il sait qu’elle sera surtout déterminée par le cours de la guerre contre la terreur islamiste. Il ne laissera pas l’Irak glisser vers la guerre civile, ni Ahmadinejad avancer impunément vers l’arme atomique. Il n’abandonnera pas Israël en se ralliant aux positions de lâcheté européennes.

 

  1. On a parlé de victoire des Démocrates. Il me semble plus exact de parler de défaite des Républicains, dans la mesure où  les Etats-Unis restent un pays orienté au centre droit et, dans l’ensemble, favorable aux valeurs conservatrices. Nombre de sièges se sont joués à quelques milliers de voix près. L’abstention a été très forte dans les rangs des électeurs républicains, et un certain nombre d’entre eux ont voté démocrate lors de cette consultation. Non par adhésion aux thèses des dirigeants du parti Démocrate, mais par rejet du spectacle donné par les Républicains en termes de dépense publique, de cas flagrants de corruption ou d’affaires de mœurs telles celle impliquant Mark Foley en Floride. Il s’est agi de donner un coup de semonce aux Républicains, de revenir à un fonctionnement où le pouvoir surveille et arrête le pouvoir. Il n’y a pas eu de glissement « à gauche » : nombre de démocrates élus sont des blue dogs Democrats, défenseurs des valeurs militaires et patriotiques et des engagements traditionnels des Etats-Unis. Il n’y a pas eu de courant « pacifiste » triomphant, mais un scepticisme quant à la façon dont la guerre a été menée : la réélection facile de Joe Lieberman après que son parti ait tenté de le tuer politiquement est très symbolique en ce sens.

 

  1. Il se pourrait fort bien qu’on ait assisté à ce que Thomas Sowell a appelé dans un de ses articles une « fraude électorale » d’un nouveau genre : si nombre de Démocrates élus sont plutôt conservateurs, et si leur conservatisme a favorisé leur élection, la direction du parti Démocrate, elle, reste bel et bien marquée par la dérive gauchiste qui a conduit tant de fois les Démocrates à la défaite au cours de la décennie écoulée. Nancy Pelosi, très représentative de cette dérive, sera Speaker of the House [porte-parole de la Chambre. Ndlr], troisième personnage du gouvernement, mais elle se heurtera très vraisemblablement à des déconvenues. La tentative avortée de faire élire John Murtha, emblème du défaitisme actif et de diverses formes de corruptibilité comme chef de la majorité démocrate à la Chambre des représentants est à ce titre significative. Si Nancy Pelosi et la mouvance qu’elle représente s’obstinent à ne pas infléchir leur ligne, elles finiront vraisemblablement en très mauvaise posture en 2008, et les chances d’un candidat démocrate à la présidence se trouveront très hypothéquées. L’option la plus intelligente pour les dirigeants démocrates serait de se recentrer, d’adopter une ligne proche de celle de Lieberman, et de se présenter comme ceux qui sont à même de gagner de manière décisive en Irak. J’ai tendance à penser que les dirigeants démocrates vont encore manquer l’occasion de montrer qu’ils sont intelligents. L’action de Bush pourra être freinée, entravée, mais sans doute pas de manière décisive. Je pense que nombre de démocrates fraîchement élus ne voudront pas apparaître devant leurs électeurs comme responsables d’une débâcle militaire : ils savent que cela ne leur serait pas pardonné.

 

  1. La situation est propice, dans ces conditions, pour que les Républicains, tirant les leçons de l’échec, se reconstruisent en affirmant incarner les valeurs qu’ils ont, un temps, abandonnées et que les démocrates ont prétendu incarner en 2006. Celles de Ronald Reagan.

 

L’administration Bush, de son côté, va infléchir sa ligne stratégique, mais sans abandonner ses objectifs. La démission de Donald Rumsfeld et son remplacement par Robert Gates ne signifient pas obligatoirement un retour des « réalistes ». Rumsfeld a incontestablement été un grand ministre de la Défense. Il a également commis des erreurs, ne serait-ce qu’en n’écoutant pas assez les chefs de l’armée travaillant sous ses ordres. Il était devenu un symbole de la poursuite d’une politique en Irak qui a montré ses limites. R. Emmett Tyrrell Jr, directeur du magazine The American Spectator, rappelait dans un récent article que Gates venait de l’entourage de Bill Casey, directeur de la CIA sous Reagan, et affirmait ne pas douter de la qualité de l’homme. Et Norman Podhoretz m’a tenu, concernant Bush, des propos qui n’incitent pas au doute. Avoir remplacé Rumsfeld a été une façon pour Bush de placer les dirigeants démocrates au pied du mur et de leur demander des propositions positives. Mais je doute que ceux-ci en fassent. La commission Baker, quant à elle, n’est pas en situation d’imposer à Bush une position « réaliste » façon Bush père, la situation au Proche-Orient étant trop déstabilisée pour permettre un retour au statu quo ante.

 

  1. Les options les plus vraisemblables concernant l’Irak seront soit une augmentation du nombre de soldats sur le terrain afin d’éradiquer le terrorisme de façon plus décisive (solution prônée par John McCain, Joe Lieberman ou Bill Kristol), soit la mise en place d’un échéancier de retrait, tout en accélérant la formation de militaires et de policiers irakiens, de façon à parvenir à une « irakisation » du conflit. Laisser le terrain aux terroristes est inenvisageable. Cependant, nombre de conservateurs doutent que les Irakiens puissent vivre dans une démocratie stable. L’idée de la viabilité de la démocratie dans le monde arabe est en train de refluer à Washington. Choisir la stabilisation plutôt que la liberté, dès lors que celle-ci s’avère, pour le moment, irréalisable apparaîtrait dans ce cas comme un moindre mal. Ce ne serait pas l’abandon de la doctrine Bush, mais, comme je le notais plus haut, une inflexion.

 

  1. En ce qui concerne l’Iran, cela ne signifierait pas pratiquer l’apaisement à l’européenne, mais négocier sur une ligne dure, en exigeant l’arrêt du programme nucléaire iranien en échange, par exemple, de la fin du régime de sanctions en vigueur. L’option militaire, si les négociations n’aboutissaient pas, ne serait pas « retirée de la table ». Norman Podhoretz m’affirmait que Bush irait aussi loin qu’il est envisageable de le faire pour montrer sa « bonne volonté », mais que, une fois sa « bonne volonté » usée, il agirait. Les paramètres n’ont, fondamentalement, pas changé. L’attitude vis-à-vis de la Syrie sera du même ordre.

 

  1. Pour ce qui est d’Israël, il ne faut pas s’attendre non plus à des infléchissements profonds. Bush reste le meilleur ami qu’Israël ait eu à la Maison Blanche. Des discours appelant Israël à négocier et demandant la création d’un Etat palestinien sont à attendre, mais ils ne seront rien de plus que des « paroles verbales » dans le cadre du ballet diplomatique qui est en train de s’enclencher et où il s’agit, pour l’administration Bush, d’apparaître « ouverte » aux régimes sunnites, de façon à pouvoir compter avec eux de manière minimale dans le bras de fer avec l’Iran chiite. Aucune raison de s’alarmer, donc. Juste la nécessité pour Israël de faire preuve de souplesse verbale et de détermination dans les actes.

 

  1. Les échéances décisives seront celles de 2008. Soit, comme je continue de le penser, un Républicain succèdera à Bush, et la doctrine Bush, moyennant les réajustements en cours, se poursuivra. Soit ce sera un (ou une) Démocrate, et la situation risque d’être bien plus périlleuse et délétère. La gauche façon Pelosi œuvre, sans comprendre ce qu’elle fait, contre la perspective d’une victoire démocrate.


Les dirigeants européens, Chirac en tête, ont tout fait pour que Bush échoue au Proche-Orient. Ils n’ont pas vraiment réussi. L’attitude de la France et de ceux qui l’ont suivie s’est néanmoins révélée très nuisible en Irak dans la mesure où elle a torpillé ce qui aurait pu être un combat de toute la civilisation contre la barbarie. L’axe Chirac-Zapatero-Prodi va tout faire pour nuire à une action efficace contre l’Iran, et aussi pour nuire à Israël et à l’administration Bush au cours des mois à venir. Le danger immédiat devrait venir de ce côté-là bien davantage que du côté d’Ahmadinejad ou des démocrates tendance Pelosi. Cet axe est radicalement opposé à la guerre contre la terreur islamiste, à toute opération militaire préventive et à toute action consistant pour Israël à se défendre. Il est en revanche très ouvert à la soumission à l’islamisme, à la reddition préventive et à l’élimination éventuelle d’Israël.  Pour ces raisons, il doit être dénoncé et combattu.

         

Partager cet article
Repost0

commentaires