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  • : La Chaine d'Union
  • : Lettre d'actualité, avec un apport de symbolisme, et de spiritualité, accés le plus souvent sur un axe Moyen- Orient, Europe, et Amérique du Nord.
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7 mai 2007 1 07 /05 /mai /2007 09:36

 

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à la Chaine d'Union de Pierre Bouskila
Copyright © 2002-2007 Metula News Agency
Sous le N° : GAS20000305/7JT
Une génération à solder
Par Laurent Murawiec © Metula N ews Agency
A propos des élections présidentielles en France

 

 Depuis trente ans, Libération, Le Monde et ceux qui y acquièrent leurs opinions, s'égosillent à dénoncer le danger fasciste qu'incarne Jean-Marie Le Pen. Maniant l'ordure avec adresse, Le Pen s'est contenté de se brandir lui-même en guise d'épouvantail, tout en se montrant alléché par les ors et les graisses parlementaires. Loin d'être le fourrier du fascisme, il aura été le gueulard exigeant plus de fromage triple crème en menaçant, afin de faire peur à Madame la Marquise, de faire donner les gens du commun qui votaient pour lui. Là-dedans, pas de fascisme ? mouvement de masse violent qui vise à réorganiser de fond en comble la société dans le cadre d'un « Etat total » - mais un remugle poireaux-pommes de terre, qui fleure bon l'eau de Vichy, sans Wehrmacht pour l'imposer. Cette ombre caricaturale aura été un vomitif fétide, soit, mais poison mortel, que nenni.

 

Or la disparition de la loi française de zones entières du territoire dites de non-droit ; l'exclusion de fait de la police, des pompiers, du SAMU et autres services indispensables, de secteurs entiers des banlieues ; la terreur sournoise qui y règne, de « tournantes » en caillassages ; les introductions partielles de la loi ou de la coutume islamique (ségrégation dans les piscines ; interdiction du porc dans les cantines ; voilage des filles ; polygamie) ; l'immunité garantie à la délinquance et à la criminalité pourvu qu'elles viennent des minorités persécutées par le capitalisme et la « culture dominante » ; l'extension de l'impunité aux émeutiers pillards, saccageurs et en quête de leurs premiers morts dans les tumultes urbains - tout cela ne provient pas, que l'on sache, de l'action du Front national.

 

Comment expliquer que la gauche mondaine et intellectuelle, et sa ribambelle de carillonneurs idéologiques, les Télérama et les Marianne, leurs compères télévisuels, électroniques et toilés, aient si aveuglément inventé un danger fasciste qui n'existait pas, et si obstinément ignoré un danger islamique qui creusait tant de brèches dans les murailles de la cité ?

 

Pour protéger l'angélique fiction post-soixante-huitarde, il fallait lui susciter un Diable. La fiction partait du « prenez vos désirs pour des réalités » pour passer au « changer la vie », slogan électoral injustement oublié du Mitterrand de 1981 : la rose au poing et la magouille en bandoulière, le protecteur de René Bousquet, montreur d'ombres, distributeur de hochets culturels et de prébendes corruptrices, changea moins la vie que la distribution des faveurs et des libéralités. En accroissant indéfiniment la dette publique et en sapant l'entreprise, on satisfaisait les billevesées idéologiques archaïques de la base sociale de la gauche, le secteur nationalisé, la fonction publique et leurs syndicats, cependant que la droite ne s'en distinguait plus sur rien d'essentiel, faute d'avoir la moindre boussole intellectuelle lui permettant de défier ce courant.

 

Et la base culturelle du régime, pucerons nourris par la rose, avait des exigences « sociétales. ». C'étaient la « libéralisation » des m?urs (« vivre sans temps morts et jouir sans entraves »), la destruction nihiliste du référent culturel et moral judéo-chrétien (« l'appel du néant »), l'invention d'une multiculturalité déboussolée.

 

Je regardais l'autre jour une bande vidéo d'un groupe de rap dont le nom comprenait fièrement « barbares » ou « barbarie ». Certes, il faut y faire la part des lamentables fantasmes d'adolescents boutonneux qui veulent faire peur ; mais ce qu'on joue dans le fantasme inspire aussi l'action menée dans la réalité. Ce qui vaut dans le rapport entre fantasme pornographique de viol et de soumission ne vaut pas moins pour le meurtre : on y voit un groupe encagoulé de jeunes « minorités » rappeurs qui assaillent un Français banlieusard dans sa voiture, cassent le véhicule, battent le quidam et le décapitent à la tronçonneuse. Le tout, en braillant des semi-paroles qui promettent à la France de se faire enculer, niquer, détruire, brûler, pendant que des kalachnikovs sont brandies et que diverses images terroristes sont montrées ? on tient visiblement les égorgeurs islamistes en grande admiration.

 

Le philosophe Leo Strauss, qui n'est pas mon favori, l'a écrit avec justesse : « Si toutes les valeurs se valent, le cannibalisme n'est qu'une affaire de goût ». Bien dit, l'artiste, et qui éclaire bien l'impasse radicale dans laquelle le relativisme culturel exacerbé place une société.

 

Mais pour nous rassurer sur notre bien-pensance, nous avions l'inestimable Le Pen, miroir pervers où la France politiquement correcte pouvait admirer sa propre vertu, puisqu'elle abominait un monstre. Ce fut la grotesque présidentielle de 2002, union sacrée réalisée autour de l'Escroc pour nous sauver du Facho. Ce dernier jouait le jeu avec complaisance, c'était, pardi ! joué au naturel, le rôle de sa vie : raciste, antisémite, xénophobe, maniant la fange avec la bravade de la ganache, le tour de passe-passe était simplifié. Que la multiculturalité et l'abandon de toute référence à un héritage national positif en sortaient confortés ! On black-blanc-beurrait en guise d'identité culturelle.

 

En même temps, la France du PAF et des cabinets ministériels crachait son venin sur les électeurs de Le Pen, sur les « Franchouillards » de grande banlieue (qu'elle avait mieux traités avant que leurs bulletins de vote ne passsent du PC au FN : il est des totalitarismes fréquentables et d'autres qui ne le sont pas). Elle qui roulait à vélo écolo ou travaillait à sa main n'était pas trop gênée par les grèves RATP-SNCF. Elle allait avec héroïsme passer deux ou trois semaines de tournage ici ou là pour illustrer la « victimitude » des bons sauvages, et donc l'abjection de quiconque ne s'y retrouve pas. Car le pourrissement de l'habitat, la gangrène sociale, le non-droit, le voile et le halal, l'abandon des jeunes Françaises et Français d'origine nord-africaine et africaine, d'antécédents culturels musulmans, à l'islamisation et à l'arabisation, ont bien été minimisés, niés, camouflés ou, pire encore, encouragés au nom de l'authenticité, des racines et du « droit » à la différence.

 

Assistés par les travailleurs sociaux, les animateurs de maisons de jeunes et d'associations dites socio-culturelles, les juges des syndicats de magistrats, agissant au nom de partis pris idéologiques (« c'est la société qui est responsable, c'est le capitalisme, le colonialisme? ») ont refusé d'appliquer la loi et montré la plus grande mansuétude : les zones de non-droit ont été créées par les juges, les sociologues et les animateurs ! La police a dû se le tenir pour dit, puisque arrêter le délinquant ne menait presque jamais à rien, qu'un vol de motocyclette était justifié par l'arabité ou la négritude, qu'un trafic de drogue permettait d'irriguer « l'économie informelle » des quartiers et des cités !

 

Quand l'islamisation a commencé à ramasser les morceaux épars d'une société fragmentée, elle est devenue facteur d'ordre. Vivent les grands frères, les Frères musulmans en particulier ! Leur seule condition est l'imposition graduelle de diverses prescriptions de la Charia, qui contredisent la loi française, qu'il s'agisse de prescriptions alimentaires, de l'égalité des sexes, de la suprématie du mâle, de la polygamie, de l'excision, etc., et, en général, de la place de la religion dans la cité : la République ne reconnaît la religion que comme affaire privée, alors que la Charia prétend régenter la vie entière, sans séparation entre le public et le privé. Non-droit et droit islamique se complètent ainsi pour refouler le droit tout court.

 

Au nom d'un danger inexistant ? Le Pen, le fascisme ? on a ainsi ouvert la porte au danger réel. D'un côté, films et romans nourrissaient l'imaginaire social du danger fasciste ; combien de ces petits chefs-d'?uvre n'avons-nous pas vu qui exploraient intrépidement les conspirations fascistes, eugéniques, nazies, etc., qui se tramaient dans les tréfonds de la France religieuse, bourgeoise et industrielle ? Combien d'éloges de la différence, de justifications de la barbarie, de panégyriques de ceux qui ont « La Haine » ? Un pseudo-monde cohérent se mettait en place, chimère mue comme un pantin par de grossières ficelles idéologiques. La police de la pensée se chargeait de censurer, de s'acharner, d'écharper les récalcitrants ? que l'on se souvienne du sort réservé à Alain Finkielkraut, accablé d'invectives, ou du non-soutien accordé à Robert Redeker, l'un et l'autre coupables de lèse-bon sauvage.

 

Je viens de relire les Chroniques algériennes d'Albert Camus, articles écrits entre 1939 et 1958. J'y trouve une leçon de rigueur morale et de vertu qui m'a fait frémir, tant elle fut ignorée, calomniée et méprisée par la génération de 68 (c'était l'époque où Camus était traité de « philosophe pour classes terminales » alors que Sartre, le lèche-cul de tous les totalitarismes de gauche, avait droit au pinacle). L'écrivain tentait d'empêcher que la tragédie ne débouche sur le cataclysme dans cette Algérie qu'il avait au coeur. Il s'opposait aux idéologues, aux va-t-en-guerre avec la peau des autres. « En ce qui me concerne, il me paraît dégoûtant de battre sa coulpe, comme nos juges pénitents, sur la poitrine d'autrui? Il est bon qu'une nation soit assez forte de tradition et d'honneur pour trouver le courage de dénoncer ses propres erreurs. Mais elle ne doit pas oublier les raisons qu'elle peut avoir encore de s'estimer elle-même. Il est dangereux, en tout cas, de lui demander de s'avouer seule coupable et de la vouer à une pénitence perpétuelle. ».

 

Mais cette France que Camus dénonçait ? avec autant de vigueur qu'il dénonçait les tortionnaires à tout va, les racistes qui écrasaient l'Arabe comme par droit divin, les négateurs de la moindre réforme en Algérie ? c'est elle qui, Guerre d'Algérie liquidée, ferma les yeux sur le grand massacre des harkis et de leurs familles, et cracha sur les Français d'Algérie qui débarquaient, affolés et accablés, comme s'ils avaient tous été de vils exploiteurs. Comme on les méprisa, ces pieds-noirs ! Il est des crimes fondateurs dont on porte longtemps les stigmates : le règne de la Bonne Conscience commençait sur la ruine acclamée d'une partie de la communauté nationale. C'est lui qui aura créé la texture culturelle des trente années écoulées.

 

Le bilan de l'ère soixante-huitarde est accablant. Il est fait de malaise économique et de grands tournants manqués ; d'endettement accéléré et de compétitivité érodée ; d'une société fragmentée et désemparée, livrée aux caprices des corporatismes en folie ou des minorités violentes ; d'une culture engluée dans la victimitude compassionnelle ; d'une politique confisquée par les torcheurs énarchiques de dossiers ; d'une mégalomanie aux fantasmagoriques ambitions en politique étrangère. Bilan dressé ? le deuxième tour de l'élection présidentielle ne changera pas « la vie », mais il pourrait permettre de solder l'inventaire, de tirer un trait, et de changer tant soit peu de direction. On versera quelques larmes sèches sur les perverses et coûteuses chimères d'une génération en faillite, mais on lui intimera surtout de faire place nette et, enfin, pour une fois, de se taire. Qu'elle boive le calice jusqu'à la lie, la bouche pleine lui permettra au moins de garder le silence. Place aux autres !

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