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3 janvier 2007 3 03 /01 /janvier /2007 14:47

Metula News

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La na est une agence d’analyse, de ré-information et de reportage de proximité

Copyright © 2007 Metula News Agency – Informations utiles en fin d’article

 

Nul n'a le privilège de toujours se tromper (Voltaire)

Il faut dissoudre le people américain

(suite et fin)

(info # 010301/7)

 [Analyse]

Par Laurent Murawiec, à Washington

© Metula News Agency

Réflexions sur le complot juif

 

 

Ce qui me frappe encore plus, c’est l’aveuglement délibéré de nos professeurs devant le fait patent : les préférences du peuple américain. Mais, quand on tient précisément le peuple pour quantité négligeable, seul un complot juif peut tout expliquer.

Et s’il y a trois Juifs et demi dans les cabinets ministériels washingtoniens, c’est la preuve – accablante, définitive – que Le Lobby Juif, la main cachée, dirige la Maison Blanche. Souvenez-vous : Wolfowitz (J), Richard Perle (J), John Bolton (pas J, mais pro-J), hahaha, nous le savions ! C’étaient d’ailleurs tous des Likoudniks ! Ce qui expliquait tout. J’eus même la surprise peinée d’entendre un vieil ami, grand intellectuel catholique français, utiliser le terme comme s’il avait eu la moindre vertu explicative. De même, le doyen d’âge (travailliste) de la Chambre des Communes, à Londres, de s’appesantir lourdement sur le fait que Jack Straw, alors ministre des Affaires Etrangères de Tony Blair, avait un grand-père juif. Un "Mischling" dans la terminologie nazie, plus précisément, d’après les lois raciales de Nuremberg, un "Vierteljude", quart-de-juif, ce qui, admettons-le, my dear boy, était fort alarmant ! Les positions dudit Straw étaient, au reste, strictement en conformité avec la politique de son gouvernement et de son ministère : pro-arabes et anti-israéliennes.

 

Ajoutons, qu’en 2004, les juifs américains ont voté démocrate (Kerry) à 76 pour cent, et qu’une grande partie des juifs américains qui enseignent à l’université et oeuvrent dans les media sont, à l’unisson de leurs corporations, des gens de gauche. Ils partagent les préjugés de leur caste et sont souvent hostiles à Israël et au sionisme ; il faut ainsi conclure que, premièrement, les Juifs américains, censément principaux soutiens du Lobby juif américain, sont caractérisés par leur opposition à la politique israélienne (celle des « Likoudniks »).

Et, d’autre part, que le peuple américain, contre l’avis martelé par une grande partie de ses élites culturelles, Juifs y compris, est israélophile, et le manifeste de multiples façons. Il est évident que cela empêche bien des gens de "pogromer" en rond, et, en tout cas, de flanquer Israël à la fosse aux hyènes.

La communauté juive américaine s’oppose largement à George Bush, mais la politique de ce dernier est le fruit d’une conspiration juive… Allez y comprendre quelque chose ! On est vraiment au royaume de l’invisible. Mais le propre des « causalités diaboliques », comme le disait mon regretté maître Léon Poliakov, c’est d’exister hors des causalités réelles, hors des faits et des réalités.

 

J’assistais, il y a quelques jours, à la remise du Prix « de la Nation reconnaissante » qui porte le nom du grand sénateur démocrate que fut Henry Jackson : élu par l’Etat de Washington, une population à l’époque fortement marquée par les cols bleus syndiqués de l’industrie high-tech. Jackson était un démocrate faucon, un peu comme les sociaux-démocrates atlantistes en Europe, partisan d’une défense forte et d’une politique « reaganienne ». Henry Jackson, surnommé « Scoop », fut co-auteur du fameux amendement qui pénalisait lourdement l’URSS brejnévienne tant que l’émigration des Juifs russes était entravée. Il joua aussi un rôle de premier plan dans le grand mouvement de revers qui, alliant l’Amérique à la Chine, contribua à casser l’URSS.

Le prix qui porte son nom est décerné chaque année par le JINSA, le Jewish Institute for National Security Affairs, une organisation qui organise systématiquement des contacts entre militaires américains et israéliens, et qui plaide, depuis trente ans, en faveur d’une vigoureuse politique de défense. On y trouve un grand nombre de généraux et d’amiraux très passionnés. Evidemment, JINSA - j’en suis - a mauvaise réputation à gauche ; qui s’en étonnera ?

 

Donc, on décernait le prix Henry Jackson. Mais avant de parler du récipiendaire, parlons un instant d’une cérémonie connexe qui se déroula quelques minutes avant son discours. Avant d’honorer un homme politique, JINSA honore des soldats du rang : en l’occurrence, six jeunes soldats et sous-officiers des forces armées américaines, choisis par leurs armes (Marine, Terre, Air, Marine Corps, etc…) reçurent leur Grateful Nation Award pour héroïsme exceptionnel au combat, en Afghanistan, en Irak ou ailleurs. Devant un parterre de près d’un millier de participants, émus aux larmes, un ancien commandant en chef des forces armées lut leurs citations militaires : on reste pantois devant les récits de bravoure et d’intrépidité de ces jeunes gens et jeunes femmes, avec leurs frimousses de bébés et leur calme un peu interloqué qu’on les distingue et qu’on les récompense. Ils furent ovationnés debout par l’assistance.

 

Puis, pour présenter le récipiendaire du prix, on avait invité son ami, le sénateur Joe Lieberman, ex-Démocrate, réélu comme indépendant, juif orthodoxe, et le général des Marines (CR) Mark Ryan, qui parla des cinq ans et demi de tortures subies au Vietnam par l’heureux élu, le sénateur John McCain. Lequel tient la rampe dans la course à l’investiture républicaine pour les élections présidentielles de 2008.

 

La profession de foi du sénateur McCain fut vigoureuse, pleine de punch et de foi, et sans équivoque : les Etats-Unis et Israël partagent des valeurs communes au moins autant  que des intérêts géopolitiques ; la bataille d’Irak doit être gagnée ; la guerre contre l’Islam radical doit être accentuée. Ce soir-là, McCain gagna la voix d’une majorité des présents. Mais franchement, ce n’est pas ou pas seulement l’ambition de pêcher les voix des électeurs juifs conservateurs qui meut McCain. L’homme, certes, est un habile politicien – nul ne peut prétendre au poste suprême qui ne l’est pas ou ne veut pas l’être – qui sait caresser son public dans le sens du poil.

Mais il y a chez lui un véritable engagement, qui lui permet d’aller, quand il le faut, à contre-courant. En l’occurrence, cependant, il est en phase avec l’opinion publique. Le soutien à Israël est dans les mœurs, il est dans le cœur d’une très grande partie du peuple américain. C’est ce qu’il dit quand on veut bien le lui demander.

 

Ce qui nous laisse avec le vif dissentiment manifesté par les élites politico-intellectuelles : faute de pouvoir se choisir un autre peuple, puisque celui-ci est récalcitrant, elles essaient de manipuler les élus du peuple grâce à des opérations purement médiatiques, telle que la remise du rapport de la récente « Commission Baker-Hamilton ». Qui donc a élu ces gens-là ? Personne, évidemment, mais ils se considèrent de droit sinon divin du moins aristo-surhumain, comme les seuls Elus, seuls habilités à dire et à faire. C’est quand on dérange les manigances feutrées de ces messieurs – « qui s’est permis de marcher sur mes escarpins ? » qu’ils se fâchent – et crient au complot juif. Le travail de la commission, qui n’était pas clandestin mais n’était soumis à aucune obligation de publicité, était celui d’un aréopage aux qualifications peu évidentes. Le frénétique battement médiatique qui précéda et accompagna la sortie de son rapport visait à lui permettre de passer en force, de créer l’événement : l’union des professionnels de la bureaucratie, des média et de la diplomatie devait violenter les élus du peuple, à commencer par le président.

 

Il est certes tout à fait normal, et même souhaitable, que le débat politique soit enrichi par des comités, des lobbies, des commissions et des groupes d’études ; c’est ainsi que fonctionne la démocratie américaine. Mais cette grossière manipulation allait bien au-delà. Elle voulait se substituer aux organes élus.

C’est là, hélas ! pratique courante. N’avons-nous pas entendu rabâcher jusqu’à plus soif cette idée que la plupart des Américains sont trop stupides, ignorants et incurieux du monde extérieur pour pouvoir juger de la politique étrangère ? Je m’amuse toujours d’entendre la gauche bisser et trisser le morceau, puisqu’elle reprend en l’occurrence le vieil argument aristocratique : comment ces rustauds de paysans et ces illettrés de travailleurs manuels pourraient-ils saisir ces questions-là ? Comme si le jugement politique ne relevait pas, fondamentalement, de l’ordre de la moralité avant d’être d’ordre intellectuel ! Comme l’a dit si cruellement George Orwell : « Pour croire des choses comme ça, il faut être un intellectuel : nul homme normal ne pourrait être aussi stupide. ».

 

Ce déni de la notion même de citoyen, c’est la gauche contre la démocratie ; mais la gauche n’est-elle pas, depuis longtemps, majoritairement, favorable aux tyrans "confiscateurs" de pouvoir, pourvu qu’ils respectent ses propres surexcitations idéologiques ? Malgré ses affligeantes compromissions avec le communisme stalinien, l’écrivain Bertold Brecht avait saisi la balle au bond lorsqu’il conseilla, en 1953, au politburo est-allemand d’ « élire un autre peuple » puisque le peuple réel ne plaisait plus au politburo. La Gauche a besoin d’un peuple mythique ou mythifié, elle honnit le regrettable peuple américain, qui rejette la lutte des classes, va à l’église le dimanche,  vote souvent républicain. Le peuple tel qu’on le vénère chez Michelet, bravo ! Le peuple réel, pouah !

 

Et ce fichu peuple américain, forfait pendable, est plutôt pro-israélien ! Pour citer M. Joseph Prud’homme, « quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites. » Pis, la « droite évangélique » ou « droite chrétienne », têtes de Turc (si l’on peut dire) favorites de la gauche laïcarde et de la droite mollassonne et comme il faut, sont le plus passionnément favorables à l’Etat hébreu.

C’est le comble ! Il faudrait décidément dissoudre le peuple américain afin de le remplacer par la Commission Baker, appuyée par le corps professoral de Harvard, les journalistes de CNN et du New York Times, et les histrions engagés d’Hollywood, sous la houlette nobiliaire de John Kerry sans doute. A la bonne heure, ce serait un peuple américain "tel qu’on l’aime", et qui pense comme nous !

Il ne manquera plus à l’idylle que de recycler tous les Israéliens en copie conforme de Yossi Beilin, et ce jour-là, le monde, purgé des commanditaires du Lobby et des va-t’en-guerre néo-conservateurs, connaîtra enfin le bonheur, à commencer par un Moyen Orient pacifié, épanoui et prospère.

 

 

 

FIN

 

 

Note :

 

[1] Aucun membre de la commission n’avait auparavant mis les pieds en Irak, hormis trois jours dans la green zone de Bagdad ; aucun Islamologue n’en faisait partie, aucun "arabologue" ou spécialiste du Moyen Orient, aucun militaire dans le groupe ; seulement une ancienne juge à la Cour suprême, un parlementaire retraité, un très vieux ancien ministre de la Justice de Reagan ; un ex-secrétaire d’Etat ; un ex-sénateur républicain très à gauche ; un ami et ministre de Bill Clinton, spécialisé dans les affaires tout court et celles de la communauté noire ; un lieutenant de Clinton ; un ancien secrétaire à la Défense ; un ancien gouverneur de Virginie.

C’est le genre de comité que l’on assemble, en général, quand il s’agit de former un consensus national sur des questions sociales ; vouloir changer, au milieu du gué, la politique stratégique de la nation en employant un comité Théodule, l’idée était incongrue. Et les quelques connaissances que j’ai parmi les experts consultés par la commission m’ont unanimement fait part de leur contrariété : les conclusion étaient pré-établies, rapportent-ils.

 

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