Asharq al-Awsat
L’idéal aurait été d’obtenir quelque chose de retentissant avant le sommet consacré à la reconstruction du Liban qui s’est tenu fin janvier à Paris. Selon certaines sources, un envoyé français, l’ancien chef des services de renseignements Jean-Claude Cousseran, serait allé à Téhéran pour rencontrer le Guide suprême Ali Khamenei et lui faire part de quelques informations censées être secrètes, souligner le déploiement d’activité de la marine américaine dans le golfe Arabo-Persique et faire comprendre que les Anglo-Saxons s’apprêtaient à lancer une opération militaire contre l’Iran. Pour épargner ces ennuis à Téhéran, Cousseran aurait suggéré à Khamenei de désigner l’ancien président Hachemi Rafsandjani [réputé modéré en politique étrangère] pour gérer la question nucléaire et pour marginaliser l’actuel président, le bruyant Mahmoud Ahmadinejad. Si les Iraniens avaient émis des signes encourageants, Chirac aurait envoyé son Premier ministre, Dominique de Villepin, conclure le marché : annonce de l’arrêt du programme iranien d’enrichissement d’uranium et annulation de la réunion du Conseil de sécurité prévue pour mars.
La diplomatie chiraquienne n’a rien apporté à la France
C’est ce qui aurait permis au “doyen de la politique internationale” et au “héros de la paix” d’annoncer sa candidature pour la présidentielle et d’appeler ses “chers compatriotes” à le réélire afin qu’il puisse sauver le monde de la bêtise de George Bush. En s’appuyant sur les sentiments traditionnellement antiaméricains et anticapitalistes des Français, il aurait fait passer Nicolas Sarkozy pour “inféodé à Bush” et pour un “chantre du libéralisme économique”, un mot qui effraie les Français.
Or, depuis deux ans déjà, tous les sondages indiquent que les Français sont las de Jacques Chirac et souhaitent qu’il s’en aille le plus tôt possible. Pis, la plupart de ses amis l’ont abandonné, et d’autres trouvent indigne de se servir de l’Iran pour préparer une nouvelle candidature.
La diplomatie chiraquienne n’a rien apporté ni à la France ni à personne, puisqu’elle a encouragé les tendances extrémistes d’aventuriers de la pire espèce – tels Saddam Hussein, Muammar Kadhafi ou Khomeyni. Aujourd’hui, Chirac joue une fois de plus son vieux numéro de claquettes et cherche à permettre aux mollahs iraniens de tromper le monde entier et de narguer le Conseil de sécurité. Son action risque surtout de précipiter une nouvelle guerre au Moyen-Orient.