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29 juillet 2008 2 29 /07 /juillet /2008 09:00

On négocie pour du beurre
Par Sami El Soudi © Metula News Agency

 


Etrange comportement de notre consoeur Reuters, ce vendredi matin, qui fait état, dans plusieurs dépêches, d’un attentat survenu contre un café du centre de Gaza, peu après minuit, en dissimulant aux lecteurs tous les repères significatifs de l’évènement.
 
Le mobile est pourtant simple : il s’agit d’un café tenu par des chrétiens, et le doute sur la nature raciste de l’attentat n’est pas permis, puisque c’est au moins la troisième fois, depuis la prise de pouvoir des islamistes il y a un an, que ce commerce est attaqué de la sorte.
 
Même le porte-parole du Hamas, qui avait tenté, dans un premier temps, d’imputer l’attaque au Fatah, a été contraint d’avouer ensuite que le terroriste, qui est mort dans l’explosion prématurée de son engin, était actif dans le milieu proche d’Al-Quaïda.
 
Quelques minutes plus tard, une explosion beaucoup moins importante – la première avait été entendue partout dans Gaza city – se produisait devant la demeure d’un responsable de la Résistance Islamique, Marouane Abou Rass, sans faire ni dégâts ni victimes.
 
La Ména est en mesure de faire savoir à ses abonnés que la seconde déflagration était un leurre, perpétré par les islamistes eux-mêmes afin de créer la confusion et de dissimuler la répression sans états d’âme qu’ils font subir aux 3 500 chrétiens restés à Gaza.
 
Car, outre les agressions à répétitions contre le café en question, les magasins chrétiens ont été jetés en pâture aux meutes de fondamentalistes qui règnent en maîtres dans la Bande.
 
En octobre dernier, un chrétien de Gaza, qui résistait pacifiquement à ces pogroms, avait été assassiné au couteau, après avoir été maintes fois menacé de mort.
 
Désormais, en vertu d’un nouveau décret d’imam, les chrétiennes vivant dans le califat ont l’obligation de sortir voilées de la tête aux pieds, au risque, pour les contrevenantes, de se voir molester en pleine rue : cela devrait donner matière à réflexion aux Etats occidentaux dans lesquels les musulmans fondamentalistes réclament le droit pour leurs femmes de paraître voilées dans les écoles et les hôpitaux.
 
A Gaza, lorsqu’ils exercent le pouvoir, les fondamentalistes font exploser les écoles non-musulmanes et les mettent à sac. C’est ce qu’il advint, par exemple, de l’école et du couvent tenus par les Sœurs du Rosaire à Gaza, sitôt la réussite du putsch intégriste.
 
Il est à la fois préoccupant et révélateur d’un état d’esprit que la dépêche de Reuters ait fait l’impasse sur les raisons avérées des incidents de la nuit dernière.  
 
Et pendant ce temps, le Hamas fabrique des roquettes et intensifie la contrebande d’armes et de munitions en provenance d’Egypte. Ce qui a fait réagir le chef des services israéliens de contre-espionnage (le Shin-Bet. Ndlr.) Yuval Diskin, lors de la remise d’un important rapport au parlement israélien, mardi dernier.
 
Diskin, qui s’exprimait devant le Comité des Affaires Etrangères et de la Défense, a informé les députés israéliens que la Résistance Islamique était passée à la fabrication, à Gaza, de Qassam améliorés, possédant une portée de 19 km. De quoi semer le terrorisme toujours plus loin dans les villes israéliennes.
 
D’autre part, toujours selon le chef du contre-espionnage hébreu, les fondamentalistes au pouvoir dans la Bande ont réussi à faire passer du Sinaï des roquettes et des mortiers fournis par l’Iran. Les premières pouvant aisément frapper la ville d’Ashdod et les seconds étant capable de générer des dégâts conséquents jusqu’à 9 km du point de tir.
 
Diskin a ajouté, qu’en dépit d’une légère amélioration, les autorités égyptiennes "acceptent le fait que la contrebande d’armes se déroule à partir de leur territoire".
 
Résumant la situation sécuritaire prévalant dans la confrontation intégristes-armée israélienne, Diskin a clairement établi que le cessez-le-feu en vigueur servait les intérêts du Hamas et non ceux d’Israël. Il a émis, à cette occasion, l’avertissement à caractère stratégique répété depuis des mois par tous les analystes de la Ména opérant au Proche-Orient : "en acceptant les termes de la Tadyé (trêve), Israël a sauvé la vie du Hamas".
 
En échange de l’inaction de leur armée contre les positions et les leaders islamistes de Gaza, en échange de la réouverture des points de ravitaillement, l’Etat hébreu a obtenu une accalmie temporaire, que le chef du renseignement qualifie aussitôt d’ "essentiellement illusoire", affirmant que, dans les prévisions de ses services, "les attaques à la roquette vont reprendre à un moment ou un autre à l’avenir".
 
Le rapport présenté aux députés israéliens réserve également des observations, qui me semblent cardinales, relatives à la Cisjordanie. Ainsi, Diskin établit que si l’IDF (Forces armées d’Israël. Ndlr.) n’avait pas appréhendé les membres du parlement palestinien appartenant au Hamas, ainsi que ses (ex) ministres, "l’OLP ne serait plus en charge de l’Autorité Palestinienne en Cisjordanie".
 
Cette conclusion rejoint celle que j’ai moi-même plusieurs fois exprimée dans ces colonnes, mais qu’il convient de lier à la destruction de toutes les cellules terroristes du Hamas, de la Djihad Islamique Palestinienne et des Tanzim en Cisjordanie, ainsi qu’à la construction de la barrière de séparation. C’est une évidence : Mahmoud Abbas, Salam Fayyad, Erekat et sa clique, ne doivent leur salut qu’à Israël et à son armée, cela fait d’eux, en plus d’être redevables à nos voisins de la conservation de leur pouvoir, des leaders faiblards, sans colonnes vertébrales, presque des baudruches, face à la motivation d’origine céleste des combattants et politiciens islamistes.
 
Cela fait dire à M. Diskin, que l’ "Autorité Palestinienne ne combattra pas le Hamas, car le Hamas est plus fort que le Fatah".
 
Ce qui m’oblige à poser la question fatidique, pour un Palestinien qui voit dans la création de son Etat un élément prédominant du salut de son peuple : qui ira déloger le Hamas de Gaza ?
 
Diskin prévoit une radicalisation supplémentaire des nouveau maîtres de Gaza, qui, d’ores et déjà, refusent toute idée de cohabitation avec l’Etat hébreu. Les faits tendent à lui donner raison.
 
Diskin prophétise, sans avoir à forcer son talent, que si un nouveau "cabinet d’experts" inter palestinien voyait le jour, cela aiderait le Hamas à dévorer le Fatah.
 
Avec quoi riment alors les négociations – mêmes si elles sont indéniablement les plus sérieuses à avoir jamais été conduites – entre Abbas et Olmert ? Car tout le monde sait parfaitement qu’aucun traité ne sera jamais signé entre Jérusalem et les seuls Palestiniens de la Rive Occidentale du Jourdain.
 
Je n’endosse pas l’attitude des négociateurs, qui veut qu’on s’occupe d’abord de résoudre les différends existants et qu’on voie ensuite comment réaliser la nouvelle entente. A mon avis, cela transforme ces négociations en simulation de négociations, ce, tandis que la société palestinienne a besoin de résultats tangibles à échéance visible, si on veut qu’il en reste quelque chose. Et l’expérience historique a montré que c’étaient les peuples en déshérence qui étaient le plus souvent à l’origine des grands conflits.
 
Alors ? En cas d’avancée péremptoire des négociations en cours, Israël ferait-elle le sale boulot de déhamassiser Gaza ? Je n’y crois pas une seconde. Si j’entends bien Diskin, l’Etat hébreu n’interviendra dans la Bande que si sa sécurité est manifestement menacée par les fondamentalistes, et non pour aider l’OLP à regagner son ascendance sur ce territoire. Ce, d’autant plus que les leaders pleutres de Ramallah, qui doivent pourtant leur survie à Israël, ne manqueraient pas de stigmatiser une action militaire de Jérusalem à Gaza, ne se privant pas de la qualifier de génocide, comme cela s’est déjà vu.
 
Une intervention internationale ? Européenne ? Egyptienne ? Vous m’en voyez désolés, mais je n’y crois pas du tout. Les observateurs ont eu tout le loisir de remarquer combien ces forts en gueule préfèrent se contorsionner, quitte à adopter des postures indéfendables – et même dangereuses pour leurs propres intérêts – plutôt que se frotter militairement aux islamistes. Dans ce bas monde, les encouragements sont gratuits et les aides financières ne coûtent pas cher pour la Palestine, mais de là à engager des troupes dans une guerre contre le Hamas, il existe une distance à parcourir qui est plus grande que la largeur du Sahara.
 
A la Moukata de Ramallah, j’ai entendu des ministres me dire que si les Juifs avaient préféré la Tadyé à la force à Gaza, c’était, cyniquement, pour repousser la création d’un Etat de Palestine aux Calendes grecques. Je leur ai répondu que "lorsque les Juifs font mine d’attaquer, vous les traitez de génocidaires de notre peuple, et lorsqu’ils acceptent la trêve, ce sont des cyniques". Je leur ai dit que "les Juifs se mêlaient de ce qui leur importait, qu’ils avaient bien raison et que c’était ainsi qu’agissent tous les peuples et les gouvernements qui se respectent".
 
Le problème vient de l’état moral exécrable à la direction de l’Autonomie et parmi ses forces de l’ordre. A force d’entendre, depuis un an, qu’elles s’améliorent de jour en jour, nous devrions déjà être une superpuissance militaire.
 
Revenons un instant sur terre : nous pouvons soit prier – surtout sans intervenir dans leur processus de décision – pour que les Israéliens comprennent leur intérêt stratégique à chasser le Hamas, soit continuer à "négocier" l’avenir de terres et de gens dont nous n’avons pas le contrôle, tout en réalisant que les clés de notre avenir n’étaient pas entre nos mains. Et si cette attente se révèle trop longue, nous nous désintégrerons et il ne restera plus personne pour fonder l’Etat de Palestine. Peut-être qu’un peuple qui attend sur ses ennemis pour faire le ménage dans ses écuries n’est pas un véritable peuple, et qu’il ne mérite pas de voir son drapeau flotter sur le parvis des Nations Unies à New York.
 
Les choses qui doivent arriver surviennent. Des autres, personne n’a l’occasion de parler.  
   
 
Metula News
Agency ©

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