Ou comment, sous couvert d'humanisme et de morale, laisser le champ libre au Hezbollah, faisant ainsi fi de la sécurité d'Israël.
Hélène Keller-Lind
La France et les Etats-Unis étaient d'accord sur un projet de résolution à présenter au Conseil de Sécurité des Nations unies.
Qui, dans les grandes lignes était équilibré et logique et, si voté, même quelque peu amendé dans des limites raisonnables, aurait évité un retour au statut quo ante. Il prévoyait la mise en place d'une force multinationale effective au Sud Liban.
Projet qui devait être discuté.
Or, la France, par la voix de son Président vient de revoir sa position. Et Jacques Chirac, exigeant un cessez-le-feu immédiat, dont on se demande d'ailleurs comment il pense pouvoir en assurer la mise en place, taxe quiconque ne s'alignerait pas sur ses positions « d'immoralité », citant nommément « les Etats-Unis et d'autres. »
La façon dont il avait prononcé ce dernier mot lors de sa conférence de presse laissait rêveur...D'autres ? Sans doute voulait-il dire « Israël, » le Hezbollah, qui doit se frotter les mains en coulisses, ayant, quant à lui, accepté les nouvelles propositions françaises qui sont tout à son avantage.
Voici le texte officiel des déclarations présidentielles, commentées en rouge. Certains points dans cette déclaration, ont été soulignés par nos soins.
Hélène Keller-Lind
Point de presse de M. Jacques CHIRAC, Président de la République à l'issue de la réunion sur la situation au Liban.
Toulon (Var) - Mercredi 9 août 2006.
J'ai souhaité faire le point aujourd'hui avec le Premier ministre et les ministres de la Défense et des Affaires étrangères sur la situation au Liban et dans le nord d'Israël. Hélas, depuis plusieurs semaines, on assiste, dans cette région, à un enchaînement dramatique de deuils, de souffrances et de destructions innombrables.
Chaque jour apporte de nouvelles horreurs et renforce le sentiment d'incompréhension et de désarroi dans les populations.
Au Liban, les infrastructures de base sont quasiment totalement détruites ?
quelque peu exagéré à en croire les reportages diffusés sur les chaînes de télévision. De plus le ministre de la Défense israélien vient justement de s'opposer à ce que des infrastructures essentielles, qui n'ont donc pas été détruites, soient prises pour cible
- et un million de personnes déplacées ont tout perdu. En Israël, la population subit les tirs de milliers de roquettes -et missiles plus destructeurs encore -
lancées par le Hezbollah.
Rien n'est dit des centaines de milliers d'Israéliens qui ont dû fuir le nord du pays et qui ont aussi tout perdu.
Face à cette crise qui menace l'équilibre de toute une région, la France s'est aussitôt mobilisée. Avec deux priorités :
d'abord, bien sûr, venir au secours des populations éprouvées ?
-
la France n'est venue au secours que des seules populations libanaises - et permettre à nos compatriotes du Liban qui le souhaitaient de rentrer en France. C'est ce que nous avons fait en mettant en place des liaisons maritimes et aériennes qui ont permis à plus de 10.000 Françaises et Français de regagner notre pays et qui ont profité aussi à bon nombre de Libanais qui voulaient quitter le Liban. Ce dispositif est d'ailleurs encore en place aujourd'hui et restera en place. C'est ce que nous avons également fait en mobilisant une aide humanitaire importante.
Aide humanitaire pour le Liban. Et pourquoi pas une aide humanitaire pour Israël dont les populations civiles sont visées délibérément par le Hezbollah, alors qu'Israël cherche à frapper exclusivement des cibles militaires au Liban et ne peut être tenu pour responsable si le Hezbollah se sert des civils libanais comme boucliers humains ?
-Parallèlement, nous avons déployé tous nos efforts pour parvenir à un cessez-le-feu et à un règlement durable de cette dramatique crise. Comme la France l'a affirmé dès le début, on ne résoudra rien par la force ; toute solution doit passer par un accord politique. Comment a pu se terminer la seconde Guerre Mondiale ? Y a-t-il eu accord politique préalable ?
C'est pourquoi j'ai demandé d'abord au Premier ministre et puis au ministre des Affaires étrangères, qui s'est rendu à trois reprises dans la région, d'écouter nos partenaires et de présenter nos propositions. La France s'est mobilisée au Conseil de sécurité pour que la communauté internationale trouve un règlement à cette crise sous l'égide des Nations unies. Je le redis, seul le dialogue peut ramener la paix et la sécurité dans la région.
Tout dépend de quel dialogue et avec qui ? Et, encore une fois, il faut malheureusement le plus souvent que le dialogue se fasse sur fond de force.
Le règlement auquel nous travaillons aujourd'hui doit respecter, me semble-t-il, une double exigence :
- le rétablissement de la souveraineté du Liban sur la totalité de son territoire ; c'est essentiel pour les Libanais ; souveraineté avec le Hezbollah, milice islamiste pro-iranienne restant en place ?
- et, naturellement, le droit à la sécurité d'Israël. Encore faut-il que cela se traduise dans la réalité.
Nous avons donc envisagé, à travers un projet de résolution du Conseil de sécurité, un dispositif en deux phases qui offre aux deux parties les garanties politiques et de sécurité qui sont nécessaires. Faux. Voir ci-dessous. D'ailleurs Israël n'a jamais menacé la sécurité du Liban mais a répliqué à une agression : soldats tués, soldats kidnappés ET trs de roquettes simultanés sur des populations civiles israéliennes.
- La première phase consiste en une cessation complète et immédiate des hostilités, en tous les cas, le plus rapidement possible, car les populations sont dramatiquement éprouvées. Comment ? Et comment garantir la sécurité d'Israël en empêchant le retour du Hezbollah ? Et la résolution 1559 qui prévoit que les milices soient désarmées ?
A partir de là, nous devons établir les principes et les éléments d'un cessez-le-feu permanent et d'une solution politique à long terme, une solution qui ait l'accord des deux parties et qui porte notamment sur la délimitation de la frontière dont les fermes de Chebaa ? donc le Président fait siennes les revendications du Hezbollah. La frontière a été reconnue au centimètre près par l'ONU. De plus, ces vestiges de 3 ou 4 vieilles fermes sont syriens - , les soldats israéliens enlevés et les prisonniers ? il épouse les revendications du Hezbollah. De plus ces prisonniers sont des terroristes qui ont tué des civils israéliens, enfants compris -libanais.
Une fois ces conditions réunies, - à savoir un cessez-le-feu dont on ne sait comment il sera mis en place ou garanti, l'acceptation des revendications de la milice islamiste - nous passerons à la deuxième phase consistant à déployer une force internationale ? alors que le Hezbollah aura réintégré ses pénates, c'est-à-dire tout le Liban Sud -.
A partir d'un engagement politique des deux parties, vérifié par les Nations unies, le mandat de cette force sera défini. La France se déterminera sur sa participation à cette force en fonction du mandat qui lui sera donné, en fonction de la juste répartition des contingents entre les pays qui doivent contribuer à cette force. Si le Hezbollah n'est pas désarmé comme le prévoit la résolution 1559 on parle pour ne rien dire.
Le projet de résolution du Conseil de sécurité sur lequel nous sommes parvenus à un accord avec les Etats-Unis est une base de travail. Israël et le Liban ont réagi et nous devons prendre en compte ces réactions et tenir compte, notamment,des intérêts du Liban et de sa stabilité, de son unité, de sa souveraineté et de son indépendance.
Dans la nouvelle version française seul l'intérêt du Hezbollah est pris en compte. L'intérêt bien compris du Liban ne l'est pas. Remettre le Hezbollah en selle est contraire aux intérêts du Pays du Cèdre, d'Israël et de la région. Même si un Premier ministre libanais qui a démontré sa totale impuissance prétend le contraire. Ou préférerait-il une unité de façade sous tutelle islamiste semblable à la Pax Syria imposée à son pays pendant des décennies ?
Le gouvernement libanais a proposé hier de déployer 15.000 soldats de ses forces armées au sud du Liban. Cette décision a été prise, je le note, de façon unanime par le gouvernement et nous la saluons car elle devrait permettre au gouvernement libanais d'exercer sa souveraineté sur l'ensemble de son territoire. Il n'est pas d'Etat libre et indépendant qui n'exerce sa souveraineté sur l'ensemble de son territoire.
Le Président plaisante-t-il ? Comment une armée fantoche et imouissante hier serait-elle devenue efficace et performante d'un seul coup ? Et le Président ignore-t-il que 60 % de cette armée est chiite, donc pro-Hezbollh ou Amal ? Ou très proche de ces mouvements islamistes ?
Et, évidemment que la totalité du gouvernement, y compris les mouvements islamistes, sont d'accord ! Puisque cela laisserait en place leurs milices ! S'en réjouir paraît être à bien courte vue....
Pourquoi ne dit-il rien de la résolution 1559 qui existe, ni du désarmement du Hezbollah, condition nécessaire à la paix, prévue dans cette résolution vielle de près de 2 ans et qui n'a pas été appliquée ne ce qui concerne les milices libanaises ?
Nous avons pris en compte ce développement majeur dans nos propositions, celles que nous faisons à New York, en particulier, pour parvenir le plus rapidement possible à une résolution du Conseil de sécurité. Notre objectif est d'aboutir à une cessation des hostilités pour que, je le répète, cesse le cortège des morts, des souffrances, des destructions. C'est notre priorité absolue. Au prix de laisser en place les milices armées et leur formidable arsenal dont rien n'est dit ?
QUESTION - On apprend ce matin que les négociations entre les Américains et les Français à New York sont bloquées pour accepter les amendements que les Libanais avaient demandés dans la résolution ? On a le sentiment que les Américains et les Israéliens gagnent du temps pour aller plus loin dans les combats, pour les bombardements que vous avez décrits. Que va faire la France si les combats continuent, si les Américains n'acceptent pas les arguments français pour les amendements du Liban ?
LE PRESIDENT - Le gouvernement libanais qui avait fait des propositions sous forme de sept points, dont plusieurs importants, concernant le retrait d'Israël de son territoire, concernant les prisonniers, concernant également les fermes de Chebaa, le gouvernement libanais est dans son rôle de défendre la position du Liban, une position d'un Etat qui veut son indépendance et sa stabilité.
J'ajoute que cette position a été agréée et soutenue par la Ligue arabe comme en ont témoigné ses trois représentants, dont le Secrétaire général, qui se sont rendus hier, à New York, après la réunion que la Ligue a tenue à Beyrouth, il y a deux jours.
Demandes reprises par Jacques Chirac. Qui s'aligne sur ces positions.
Voir commentaires plus haut.
A partir de là, j'estime qu'il est normal que nous prenions en considération les solutions qui sont envisagées, notamment par les parties en conflit ? il ne tient aucun compte des demandes des Israéliens qui ne veulent pas voir de vide au Liban Sud et veulent voir sy installer une force crédible au fur et à mesure du retrait de leurs forces -. Nous devons en tenir compte et c'est la raison pour laquelle, à partir de la base que constitue l'accord entre la France et les Etats Unis, sur un projet de résolution, nous avons demandé que ce projet intègre un certain nombre des demandes en question.
Il semble, effectivement, qu'aujourd'hui, il y ait une réserve américaine pour adopter ce projet -pas seulement et on se demande pourquoi ? Par immoralité ? . Je ne veux pas imaginer qu'il n'y ait pas de solution, car cela voudrait dire, ce qui serait la plus immorale des solutions, que l'on accepte la situation actuelle et que l'on renonce au cessez-le-feu immédiat. Donc, je ne veux pas l'imaginer de la part des Américains, ni d'autres. Quels autres ? « Israël » puisque le Hezbollah et Amal , donc Iran et Syrie, sont d'accord?
A partir de là, nous allons voir. Si nous arrivons à une solution conforme à ce que je rappelais tout à l'heure comme principes humains, politiques, pacifiques ? version iranienne-, eh bien tant mieux. Si nous n'y arrivons pas, il est évident que nous aurons un débat au Conseil de sécurité et que chacun y affirmera clairement sa position, y compris, naturellement, la France, par sa propre résolution.
QUESTION - Est-ce que vous avez fixé un calendrier d'action ?
LE PRESIDENT - Je ne veux même pas évoquer l'idée d'un calendrier, parce que cela veut dire que l'on estime que l'on peut retarder le cessez-le-feu, la cessation des hostilités. Je ne veux pas imaginer que l'on puisse fonder une politique sur un report de la cessation des hostilités, notamment dans un pays qui a connu les dégâts, les pertes humaines, les blessés, les personnes déplacées que j'évoquais tout à l'heure. Il ne parle que du Liban.
Je pense, en réalité, que nous devons affirmer clairement la nécessité d'une cessation immédiate des hostilités, c'est la responsabilité, la vocation des Nations unies que de l'affirmer. Nous devons ensuite arriver très rapidement à un accord politique qui suppose un accord des deux parties pour que chacun y trouve les garanties qu'il est en droit d'exprimer.
A partir de là, on peut, effectivement, dans un mois par exemple, mettre en place une force internationale, sous une forme ou sous une autre.
Un mois pour que le Hezbollah récupère et menace à nouveau Israël, la paix dans la région et l'intégrité du Liban. Certains ont parlé d'une FINUL améliorée, d'autres d'une force internationale, peu importe ? Plaisanterait-il ?La FINUL, qui devait surveiller l'application de la 1559 a laissé le Liban Sud se transformer en gigantesque arsenal truffé de galeries souterraines, ce qui explique que les combats actuels y soeint si sanglants, démontrant ainsi sa totale inutilité. Même améliorée elle ne servirait à rien. D'autant qu'elle ne peut que rendre compte et ne peut tirer qu'en légitime défense- Mais en tous les cas, une force internationale ? qui arrivera dans un Liban Sud sous la coupe du Hezbollah -à laquelle la France participera, dans la mesure où son mandat sera clair ? en effet, si le Hezbollah reprenait tirs et kidnappings, se bornerait-elle à compter les missiles et roquettes comme la FINUL ne parvient même pas à faire convenablement actuellement ?
- , s'inscrira dans les exigences que je viens de rappeler à l'instant, dont le mode de déploiement sera clairement fixé et où la répartition des différents pays participants sera justement équilibrée.
QUESTION - Est-ce que vous pouvez nous dire quel rôle joue la Syrie dans les négociations ? Est-ce que quelqu'un parle avec le gouvernement syrien et aussi qui parle avec l'Iran et quelle est l'atmosphère des négociations avec ces pays ?
LE PRESIDENT - Chacun comprend, et sait parfaitement, quels sont les liens qui existent entre l'Iran et le Hezbollah. A partir de là il est légitime que l'Iran, qui est une puissance importante de cette région, soit consultée, en tous les cas qu'il y ait des contacts, des relations, ne serait-ce que pour déterminer quelle est l'influence que l'Iran peut avoir sur le retour à la paix dans le Moyen-Orient.
L'Iran doit être consulté !!!! Voilà l'Iran consacré,non seulement, persona grata par la France, mais aussi comme ayant un droit de regard dans les affaires libanaises ! C'est gravissime. Et chacun sait, en principe, ce que sont les buts affichés de l'Iran et, partant du Hezbollah, très liés, comme il l'admet lui-même : à savoir la destruction pure et simple d'Israël (voir à ce propos le commentaire sur l'émission d'ARTE du 9 août. Les membres en civil du Hezbollah interviewés disaient clairement qu'Israël n'existe pas et que c'est ce qu'on leur enseigne.)
On sait aussi que l'Iran se moque comme d'une guigne des résolutions du Conseil de sécurité concernant la poursuite de ses recherches nucléaires militaires ou ses graves violations des droits de l'homme.
On sait comment Téhéran a réagi aux déclarations du ministre des Affaires étrangères français qui parlait, se situant dans la droite ligne de la pensée présidentielle expliquée plus haut, de son « influence stabilisatrice dans la région » : en appelant à nouveau à la destruction d'Israël...
A-t-il besoin de consulter la République islamiste pour savoir ce que pense l'Iran ? !
Vous me posez la question de la Syrie ; chacun sait aussi les liens qu'elle a avec le Hezbollah. Je vous dirais, pour être tout à fait franc, que l'expérience m'a conduit à ne pas avoir tout à fait confiance. D'ailleurs, j'observe qu'il y a quelques jours, le ministre espagnol des Affaires étrangères, M. Moratinos, est allé voir les dirigeants syriens, il est sorti et a clairement annoncé le résultat de ces discussions en disant que la Syrie allait user de toute son influence pour restaurer la paix dans cette région. Dans la demi-heure qui a suivi, le président syrien démentait totalement ce qui avait été indiqué par M. Moratinos.
Etonnant que ce qu'il a fini par voir pour la Syrie, il est incapable de le voir pour l'Iran ? voir ci-dessus-.
Ce n'est pas très engageant pour établir des relations avec un pays avec lequel nous aurons, de toute façon, à négocier, notamment sur la démarcation, là aussi la Syrie, à plusieurs reprises, a indiqué son accord sur la libanité des fermes de Chebaa. Mais elle n'a jamais accepté de le faire par écrit, sachant parfaitement que c'est une exigence naturelle, juridique, pour que l'ONU, le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies, et le Secrétariat général de l'ONU, puissent déclarer une modification, puissent décider une modification de frontière.
- Autrement dit, il faut modifier des frontières internationales reconnues uniquement pour accommoder un Hezbollah à la botte de l'Iran ! Ce qu'il disait d'ailleurs d'emblée. Et si la Syrie, en qui il n'a pas confiance, n'a pas écrit noir sur blanc qu'elle fait cadeau de cette parcelle de terre au Liban, comme cela serait requis pour tout changement, pourquoi, diable, le Président réclame-t-il ce transfert de souveraineté ?
- Donc, je le répète, je n'ai pas confiance.
J'ajoute qu'il y a un problème majeur sur lequel la Syrie pourrait faire un acte de confiance fort et qui consisterait à faciliter les choses pour la Commission d'enquête internationale décidée par l'ONU, qui est dirigé par le juge Brammertz, et qui a pour objet de faire la vérité sur l'assassinat de Rafic Hariri ?
Il rêve ? Il ne sait pas que le gouvernement syrien est impliqué ? Et pourquoi exiger de la Syrie un « acte fort », ce qu'il n'exige ni de l'Iran ni du Hezbollah, s'engager à cesser d'attaquer Israël et à réclamer sa destruction, par exemple ?
-. Là aussi, un geste fort pourrait permettre de renforcer cette confiance. J'ai cité le nom de Rafic Hariri.
Je suis un peu consterné de voir que ce pays, le Liban, qui avait connu les guerres que chacun sait et qui avait été entièrement reconstruit, et dont le Premier ministre de l'époque avait suscité une réaction nationale extrêmement importante pour le Liban,de voir que tout ce travail était, en quelque sorte, anéanti.
Ceux qui ont assassiné Rafic Hariri et ceux qui en ont été les complices, leurs complices, ont porté un coup très dur au Liban et au peuple libanais tout entier. Je tiens à le rappeler ici.
Son ami Rafic Hariri assassiné par des tenants de la Syrie mais aussi de l'Iran... De plus, le miracle de la reconstruction libanaise était une illusion, une bulle de savon, une photo truquée à l'instar de ce qui se pratique beaucoup dans ce pays, comme en témoigne le fait que le Hezbollah ait transformé pendant six années durant tout le sud du pays en camp militaire islamiste suréquipé, avec des hommes surentaînés, alors qu'Israël s'était retiré et ne manifestait aucune hostilité envers ce pays.
Les Israéliens avaient prévenu, en pure perte, que cet état de choses allait entraîner une explosion régionale ( voir l'interview du ministre Ephraim Sneh ). Comment Jacques Chirac ne l'a-t-il pas su ? Un Président de la République peut-il être si mal informé ?
QUESTION - Le ministre des Affaires étrangères disait sur France Info, ce matin, "maintenant, il faut trouver le point d'équilibre entre le retrait des forces israéliennes d'une part, et également, le déploiement de l'armée libanaise avec la FINUL, force de l'ONU". Est-ce que cela veut dire que la France soutient l'idée d'envoyer l'armée libanaise avec la FINUL au Liban sud avant le déploiement d'une force multinationale ?
LE PRESIDENT - Ce qu'a dit le ministre, à juste titre, c'est que la situation étant ce qu'elle est, le progrès ne peut venir que d'un accord. Cet accord comporterait d'une part, un retrait de l'armée israélienne des territoires qu'elle occupe actuellement au Liban, qui ne peut être que progressif, avec parallèlement et, en même temps, une prise en main de ces territoires, dont elle se serait retirée, par l'armée libanaise
Encore une fois l'armée libanaise, totalement impuissante jusqu'ici n'a pas été améliorée d'un coup de baguette magique. De plus elle est composée à 60 % de chiites, donc très probablement majoritairement ou en très grande partie pro-Hezbollah ! . Il y a donc un problème de temps à mettre au point.
Et puis, nous avons là-bas la FINUL qui est aujourd'hui un peu paralysée mais à qui on peut redonner un peu force et vigueur, et capacité peut-être, si on le veut, si c'est dans l'accord politique, de pouvoir observer ou faciliter les choses.
Grotesque. La FINUL a prouvé pendant 6 ans qu'elle est totalement inutile. Elle le resterait même avec un peu plus de « force et vigueur » !
-Je n'y verrais que des avantages.
QUESTION - Monsieur le Président, vous croyez vraiment que le gouvernement libanais est capable aujourd'hui d'appliquer la résolution 1559, surtout de désarmer le Hezbollah, et après de désarmer les factions palestiniennes au Liban ? Ne craignez-vous pas que l'on entre dans une spirale de violence ?
C'est bien là le coeur du problème, au-delà de tous les voeux pieux....
LE PRESIDENT - C'est aux Libanais de répondre à cette question. Il faut bien comprendre une chose simple : il n'y a pas, dans l'Histoire, d'Etat qui n'ait pas l'autorité sur l'ensemble de son territoire. Donc, vouloir prétendre qu'une partie du territoire libanais est sous l'autorité de milices, c'est incompatible avec un Liban stable et se développant démocratiquement.
C'est pourtant bien ce que l'on avait et qui a entraîné la crise actuelle. On ne le prétend pas. Et donner raison au Hezbollah en donnant au Liban un territoire qui n'est pas le sien, en exigeant qu'Israël relâche des terroristes avec du sang de civils, dont des enfants, sur les mains, en lui permettant se se réinstaller au Liban Sud est irresponsable et c'est se voiler la face.
Il appartient donc aux Libanais de prendre conscience de cette situation et de prendre conscience du fait que ceux qui encouragent les uns ou les autres à privilégier la guerre, les attentats, le terrorisme, ceux là font une lourde erreur. Ce sont finalement l'ensemble des Libanais quelle que soit leur confession, qu'ils soient sunnites, chiites, druzes, chrétiens, qui payent les pots cassés, comme on le voit.
Certes. Et à qui en incombe la responsabilité ? Qui est « immoral » ? Et quand bien même les Libanais s'en rendraient-ils compte, ce n'est pas en cédant au Hezbollah sur toute la ligne et en lui permettant, dans les faits, de retourner au statut quo ante , ce que justement Américains et Israéliens en veulent pas, qu'on apportera la paix dans la région.
Alors, si c'est l'ensemble des Libanais qui réalisent tout d'un coup que s'ils veulent vivre dans un Liban, réalité historique, plusieurs fois millénaire, démocratique et en paix, ils doivent s'exprimer politiquement auprès de ceux qui veulent contester un gouvernent libanais par ailleurs issu d'élections libres et démocratiques. Donc, je ne saurais trop engager les Libanais à prendre conscience de leurs responsabilités politiques pour encourager toutes les forces qui sont celles de la paix, de la stabilité ? comme l'Iran ? , mais surtout de l'unité du Liban, pour affirmer sa souveraineté et son indépendance.
On peut toujours rêver. Et c'est oublier bien facilement que Hitler est arrivé au pouvoir démocratiquement et qu'il a fallu une très grande fermeté militaire, avec malheureusement nombre de victimes civiles de tous côtés, pour que les Allemands se rendent compte de leurs erreurs. Le Président se serait-il opposé aux bombardements alliés en Normandie, puis en Allemagne s'il avait été aux commandes à l'époque ? Et aurait-il cédé aux revendications du III ème Reich par pure « moralité » ?
QUESTION - Depuis Saint-Petersbourg, vous n'avez pas parlé avec le président Bush ?
LE PRESIDENT - Je m'excuse de vous interrompre, la suite de la question ne me paraît pas avoir d'objet, parce qu'elle postule qu'il n'y a pas de contacts, alors que nous avons des contacts à tous les niveaux, quotidiens, entre les Américains et les Français···. Cela ne veut pas dire que nous soyons d'accord sur tout ? malheureusement pas sur l'essentiel, à savoir un retrait israélien remplacé simultanément par une force crédible, et non pas les soldats de papier de la FINUL et un désarmement du Hezbollah comme le voulait la résolution 1559, restée lettre morte,- mais les contacts sont absolument permanents.
Une question na pas été posée : pourquoi la position de la France, qui était en accord avec les Etats-Unis et la voix de la raison, pour proposer un projet de résolution qui avait toutes les chances de régler les problèmes en demandant qu'une force internationale réelle soit déployée au Sud Liban et que le Hezbollah soit désarmé, a-t-elle radicalement changé après les conversations du Président et des représentants arabes ?
Je vous remercie.